Royaume-Uni
Emma Wassell, deuxième ligne emblématique de l’équipe écossaise, a dû mettre sa carrière entre parenthèses pendant près d’un an après le diagnostic d’une tumeur bénigne dans la poitrine. Son retour sur le front des compétitions internationales, à l’aube d’une Coupe du Monde disputée en Angleterre, illustre une résilience à toute épreuve et une volonté sans faille de retrouver le plus haut niveau.
Tout a commencé en septembre 2024, lors d’une préparation cruciale pour la deuxième édition du WXV. Souffrant de douleurs à la gorge, Wassell a passé des examens qui ont révélé une tumeur de 27 centimètres dans sa poitrine. Une sternotomie, opération lourde qui nécessite d’ouvrir le sternum, est alors envisagée pour retirer la masse. « Quand on m’a dit que je devrais subir une sternotomie, j’ai pensé : ‘pourrais-je encore jouer au rugby, n’est-ce pas ?’ », se rappe-t-elle, évoquant ce moment dans un podcast relayé par Scotland Rugby. « On m’a répondu que je devais surtout être reconnaissante d’être encore en vie. »
Cette étape marque le début d’une période particulièrement complexe. Wassell est éloignée des terrains pendant dix mois et se voit forfait pour toute la saison de club avec les Ealing Trailfinders. Durant cette longue pause, le doute et l’appréhension autour des contacts physiques pèsent lourdement, surtout lorsque l’on sait que le rugby sollicite fréquemment le torse et le sternum. « Il y avait un gros élément mental, parce que c’est ma poitrine, et quand tu joues au rugby, tu sais que ça peut prendre des coups », confie-t-elle dans une interview accordée à la BBC. Progressivement, au fil des séances d’entraînement et des efforts de rééducation, elle retrouve peu à peu confiance en son corps et dans sa capacité à jouer sans risque.
Le chemin vers le retour s’est fait étape par étape, et Wassell a pu reprendre sa place au sein du groupe écossais après une période de reprise qui a exigé patience et discipline. Son retour à l’entraînement a été accueilli comme un symbole de persévérance et de détermination, et son organisme a fini par répondre positivement à l’effort exigé par le haut niveau. Le staff et ses coéquipières ont joué un rôle clé dans ce processus, preuve de l’importance du soutien collectif dans les moments les plus délicats.
La Coupe du Monde en ligne de mire
Durant sa convalescence, Wassell s’est raccrochée à un objectif clair: revenir au plus haut niveau pour disputer la Coupe du Monde, en Angleterre, dans un pays qui était presque chez elle. « C’est la Coupe du Monde en Angleterre, le plus proche d’un Mondial à domicile, en sachant que ma famille et mes proches pourraient être présents pour me soutenir », confie-t-elle à la BBC. Cet objectif a été une source de motivation constante, lui permettant de puiser dans ses ressources lorsque les doutes Thomasostaient. Elle ajoute : « C’était un grand objectif pour moi et ça m’a définitivement aidée. À plusieurs moments, j’ai dû me demander : est-ce que tu veux aller à ce Mondial ou non, Emma ? »
Le retour dans le cycle de sélection a aussi été l’occasion de remercier publiquement ses coéquipières, qui avaient été présentes à ses côtés tout au long de la rééducation. Lors du match de préparation contre l’Italie, l’ailière Rhona Lloyd a salué Wassell sur Instagram, soulignant les leçons de résilience et d’amitié que la joueuse écossaise a transmises à l’équipe.
Un match inaugural et une première lueur d’assurance
Lors du premier rendez-vous du XV du Chardon face au pays de Galles, Wassell a été titularisée. Elle a vécu une mini-frayeur au début du match, sortant au bout de trois minutes après avoir reçu un coup au nez, mais a ensuite livré une prestation de haut niveau, restant sur le terrain durant 70 minutes. Pour celle qui avait dû remettre en question son avenir, ce retour sur le terrain représentait bien plus qu’un simple match: c’était l’ouverture d’un nouveau chapitre, une démonstration publique que sa compétence ne s’était pas dissipée. « Je ne veux pas que l’on pense autre chose de moi que le fait que je suis une joueuse de rugby plutôt compétente », répète-t-elle, dans l’esprit de ceux qui l’ont suivie tout au long de sa rééducation.
Son retour n’est pas seulement une réussite individuelle: il symbolise aussi la force d’un groupe, celle d’une équipe qui s’appuie sur la résilience et sur la confiance retrouvée. Le récit d’Emma Wassell est ainsi devenu celui d’une athlète qui, après avoir affronté la maladie et l’incertitude, a su renaître avec détermination, et qui espère continuer à écrire son histoire sur les terrains où elle a toujours trouvé sa place.
Emma Wassell, par son parcours, illustre la capacité du rugby à être plus qu’un sport: une source de force, une source d’inspiration et une démonstration éclatante que la récupération et la persévérance peuvent transformer l’adversité en force collective.
