Olivier Blondel : La carrière d’un gardien de football passionné

Olivier Blondel : La carrière d’un gardien de football passionné

Entretien avec Olivier Blondel, ancien gardien, aujourd’hui entraîneur, sur sa carrière, l’évolution du poste et ses expériences en Ligue 1 et Ligue 2.

France

Olivier Blondel : La carrière d’un gardien de football passionné

Ancien gardien de lignes d’attaque et aujourd’hui entraîneur des gardiens, Olivier Blondel raconte un parcours façonné par l’abnégation, les choix difficiles et l’évolution d’un poste qui a profondément changé au fil des années. Du Havre à Brest en passant par Toulouse, Troyes, Istres et Strasbourg, son parcours illustre la réalité d’une carrière de footballeur professionnel, loin des feux des projecteurs mais traversée par des moments intenses, des blessures et des rencontres qui marquent durablement.

Un début prometteur au Havre et une culture de la gagne

En 1997, Blondel s’enrôle au Havre, après une perspective initiale à Rouen qui s’effondre lorsque le club fait faillite. Le choix s’oriente vers Le Havre, à environ 80 kilomètres de chez lui, car le club incarne une tradition forte chez les gardiens et une culture de la victoire. Dès son arrivée, il comprend que le chemin sera éclairé par l’exemple des vétérans et le niveau des compétiteurs déjà présents dans le club, comme Fabien Piveteau et Christophe Revault, et plus tard Steve Mandanda, alors en début de parcours. « Le Havre me parlait vraiment, c’était un club où les gardiens avaient une histoire et où la formation était une valeur transmise », se rappelle-t-il.

À son arrivée, Blondel réalise rapidement que le Havre est une véritable « usine à champions », tant pour les joueurs que pour les gardiens. Il observe que certains sortent directement professionnels dans les différentes générations, comme Mandanda, et que d’autres poursuivent des carrières solides en Ligue 2 ou en National. Cette atmosphère, mêlant exigence et apprentissage, résonne particulièrement avec ses propres ambitions.

Olivier Blondel au cours de ses années au Havre, entouré de ses coéquipiers et des gardiens emblématiques du club
Chronique havraise marquée par une culture de la formation et de la réussite collective.

Premières années en doublure et apprentissage auprès des cadres

Au Havre, Blondel n’a pas l’occasion de disputer beaucoup de matchs en raison de la concurrence féroce autour du poste. En onze saisons, il n’aligne que 17 apparitions, évoluant surtout dans un rôle de doublure. Dans sa génération, il partage la scène avec Nicolas Douchez, avec qui il noue de solides liens. L’idée de partir en prêt se fait sentir pour gagner du temps de jeu, mais Douchez est finalement prêté à Châteauroux, lançant sa propre carrière. Blondel, quant à lui, est considéré comme une « bonne doublure » : il travaille sans bruit, demeure professionnel et contribue à l’équilibre du groupe.

Quand Alexander Wencel quitte le club et que Thierry Uvenard pousse Blondel, un phénomène se présente devant lui : Steve Mandanda, déjà remarquable et promise à un très haut niveau pour l’équipe de France. Blondel prend conscience de l’ampleur du défi : « Ce n’est pas que je suis moins bon, c’est juste qu’il y en a un qui est préparé pour le très haut niveau. »

La cohabitation avec Mandanda se passe sans heurts. Blondel se montre loyal et ne crée pas de friction; il comprend que les choix des coaches ne dépendent pas de lui et il reconnaît quand l’un est meilleur. Une leçon qui restera gravée : « Quand quelqu’un est meilleur, il faut savoir le reconnaître et accompagner le groupe comme il faut. »

La perspective de grandir passe aussi par des expériences ailleurs. Blondel rappelle que Mandanda « était prêt très tôt », tandis que lui a dû quitter Le Havre pour prendre son envol, notamment à Toulouse et à Troyes. Cette mobilité marque le tournant vers une carrière plus riche en expérience et en responsabilités.

Olivier Blondel pendant sa période au Havre
Blondel, jeune gardien, observe et absorbe l’exigence des gardiens havrais.

À Toulouse : l’apprentissage, les premiers pas en Ligue 1 et les obstacles

La trajectoire de Blondel se poursuit à Toulouse, où il rejoint Le Havre après une tentative avortée à Sannois Saint-Gratien en National, contrat qui échoue à la DNCG et empêche le club de démarrer la saison. Au final, Blondel signe à Toulouse, accepté même pour un contrat modeste, après un premier refus. Sa signature ouvre un chapitre marquant : « C’était mon premier grand départ. »

Dès le premier jour, l’ambiance et le groupe lui plaisent. Il évolue aux côtés d’un effectif qui comptera plus tard des joueurs devenus des références, tels que Gignac, Bergougnoux, Jérémy Mathieu et Daniel Congré. Cette saison-là, Toulouse termine quatrième et se qualifie pour l’Europe, une perspective qui procure des émotions incroyables.

Blondel prend conscience de son éventuel rôle en Ligue 1 lorsque le coach l’approche et lui confie qu’en cas de besoin, il peut être aligné dans l’équipe. Il alterne entre la réserve et les convocations, et c’est lors d’un match inopiné que l’opportunité se présente : Carrasso est indisponible et Blondel est titularisé. « Le matin même du match, Dédé Gignac me dit : ‘C’est aujourd’hui qu’il faut être bon.’ » Cette titularisation le propulse deuxième gardien en Ligue 1 à 28-29 ans.

La suite est évidemment composée de réussites et de revers. Blondel goûte à un premier vrai été européen et à la Ligue 1, mais une fracture du péroné en seconde année dans le club vient freiner cette dynamique et l’oblige à affronter une période de rééducation longue. Malgré tout, il demeure attaché à Toulouse, un club qui lui offre également des moments forts, notamment la Ligue 1 et la Coupe d’Europe. « Des choses inattendues quand je repense à mon parcours commencé au Havre », résume-t-il.

ESTAC et le virage de la relance en Ligue 2

En 2010, Blondel signe à l’ESTAC (Troyes), qui vient tout juste de remonter en provenance du National. L’objectif est clair : relancer sa carrière par le jeu et l’entraînement, afin de renouer avec le haut niveau. Le discours convainc le gardien, et même avec un changement de coach avant la reprise, Jean-Marc Furlan est convaincu de l’apport de Blondel. Le club, à l’époque, privilégie une atmosphère familiale et un cadre modestement pourvu en moyens, mais Blondel y trouve une vraie stabilité.

Avec Troyes, Blondel joue le maintien dès la première saison puis remonte en deuxième année et dispute une seconde campagne réussie. Cependant, les blessures et les choix sportifs finissent par le faire revenir ailleurs lorsque le club se renforce et que Yohann Thuram-Ulien devient une option plus attractive sur le plan commercial. Blondel quitte finalement Troyes pour retourner à Toulouse, mais l’épisode est révélateur d’une carrière où le facteur chance et le timing jouent un rôle précieux.

Retour à Toulouse, puis Istres et Strasbourg: la fin de la carrière sur le banc et le début de l’après-carrière

De retour à Toulouse, Blondel se retrouve derrière Ali Ahamada. Malgré un fort désir de gagner sa place, les circonstances ne lui donnent pas sa chance rapidement. « Ce n’était pas facile, c’était compliqué », confie-t-il quand les opportunités ne se présentent pas. Sa loyauté et son attachement au club restent intacts, et il rappelle que Toulouse a été un lieu marquant, non seulement sur le plan sportif mais aussi personnel, puisqu’il y rencontre sa femme et vit des expériences spectaculaires comme la Ligue 1 et les compétitions européennes.

En 2014, Blondel tente l’aventure Istres en tant que titulaire, mais le club traverse des turbulences internes. Il poursuit ensuite son chemin vers Strasbourg (2016), où sa mission est d’apporter de l’expérience et de canaliser le groupe, notamment aux côtés d’Alexandre Oukidja. Cette année-là, Strasbourg accède à la Ligue 1, mais Blondel se blesse gravement au croisé en mars, à 37 ans. Cette blessure signe finalement la transition vers l’après-carrière et l’envie d’enseigner le métier.

À ce moment-là, Blondel comprend que son avenir est tout entier tourné vers l’entraînement des gardiens. « J’avais envie d’enseigner, de transmettre », et c’est ce qui l’amène à devenir coach des gardiens. Après une première expérience à Amiens, Lyon le sollicite pour encadrer les gardiens de la réserve et structurer le centre de formation jusqu’aux professionnels. Son rôle est double : travailler quotidiennement avec les jeunes et instaurer une philosophie commune au sein de l’école des gardiens. À Lyon, il découvre une véritable usine à champions, avec des talents prometteurs comme Patouillet ou Bengui, certains devenant internationaux jeunes et d’autres signant pro.

Une nouvelle étape à Brest et les constats sur l’évolution du métier

Une pige à Nantes précède son arrivée à Brest, où il rejoint un club en quête de renouveau après le départ de Christophe Revel. Le projet brestois le séduit par son identité et ses valeurs familiales. À Brest, Blondel s’attache à préserver une continuité dans le travail des gardiens, conscient qu’un bon gardien ne peut pas se contenter d’être solide uniquement avec les pieds : « Le poste de gardien a énormément évolué ces dernières années. Avant, on pouvait s’en sortir avec des pieds corrects et quelques qualités aériennes; aujourd’hui, un gardien doit être complet et capable de tout faire. »

Il rappelle toutefois que l’élément déterminant demeure l’arrêt décisif et que, malgré les progrès, il ne faut pas négliger cette dimension cruciale qui peut faire basculer un match. « Ce petit pourcentage d’arrêts décisifs reste déterminant et n’est pas assez valorisé, car on privilégie parfois le jeu au pied pour faire plaisir aux coachs », affirme-t-il. Le gardien moderne doit être décisif, connecté au jeu et polyvalent, tout en sachant être prêt à prendre de l’expérience ailleurs lorsqu’il le faut pour progresser.

Évolution du poste et regard sur l’avenir

En retraçant sa carrière, Blondel insiste sur l’idée que le gardien d’aujourd’hui doit être un élément intégré au jeu global de l’équipe. Autrefois, l’équation était simple – parfois un gardien pouvait compenser des lacunes par un jeu de pieds moins développé ou des qualités aériennes déficientes. Aujourd’hui, les exigences du poste imposent une approche globale et une adaptation constante aux espaces devant et autour du but. Blondel voit l’avenir comme une continuité de cette transformation, où les gardiens seront encore plus impliqués dans la construction du jeu et où la gestion des espaces latéraux et des lignes de défense deviendra une compétence clé pour le poste.

Après une carrière longue de plus de 20 ans entre la Ligue 1 et la Ligue 2, Blondel retient surtout l’énergie déployée sur le terrain et la passion du football qui l’ont accompagné tout au long de son parcours. Il se souvient des matchs marquants, comme son premier match à Sochaux, ou encore les rencontres en Europe et les maintiens acquis avec Troyes, qui démontrent que le football peut offrir des émotions bien plus fortes que la lumière médiatique. Et aujourd’hui, en tant qu’entraîneur des gardiens, il transmet cette vision du métier à la prochaine génération, afin que chaque jeune gardien puisse découvrir sa propre voie dans le football professionnel.

En résumé, Blondel n’a peut-être pas été le joueur le plus flashy, mais il a été un worker, un battant qui a su donner le meilleur de lui-même à chaque étape. Son message demeure simple : travailler avec ardeur, apprendre de chaque expérience et s’adapter, car c’est ce qui fait la différence dans le football moderne, que ce soit en Ligue 1 ou en Ligue 2, et que ce soit pour devenir entraîneur ou pour continuer à jouer à haut niveau.

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