Le scandale qui secoue la gymnastique française ne cesse de faire la une des médias, avec des révélations accablantes sur des pratiques de maltraitance et d’emprise au sein d’un club d’Avoine-Beaumont, en Indre-et-Loire. Ces accusations, portées notamment par la championne olympique Kaylia Nemour, ont conduit la Fédération française de gymnastique (FFG) à prendre des mesures drastiques, notamment la suspension provisoire d’un entraîneur et une surveillance renforcée par le ministère des Sports.
Les témoignages d’une gymnastique sous emprise
Kaylia Nemour, qui s’apprête à représenter l’Algérie aux Jeux Olympiques 2024 en compétition aux barres, a livré un témoignage poignant dans les colonnes de l’Équipe, revenant sur ses années d’entraînement dans ce club. Elle confie avoir été totalement sous l’emprise du cadre, déclarant : «On était tellement sous emprise. Quand tu es là-bas, tu ne sais pas, tu ne vois pas». La jeune athlète ajoute qu’elle ne souhaite plus cautionner certaines méthodes employées, évoquant notamment des cris, des humiliations, des exclusions du groupe, ou encore des heures d’attente dans le vestiaire sans certitude de pouvoir reprendre l’entraînement. Ces révélations mettent en lumière un environnement où la pression et la violence psychologique semblent avoir été monnaie courante.
Une enquête en cours et des mesures disciplinaires
En mai dernier, Kaylia Nemour a été auditionnée dans le cadre d’une enquête judiciaire visant le club. La Fédération française de gymnastique, présidée depuis novembre par Dominique Mérieux, a décidé de suspendre à titre provisoire Gina Chirilcenco, l’entraîneur principal du club, ainsi que son mari Marc. La fédération a également signalé avoir transmis trois dossiers au parquet, témoignant de la gravité des accusations. Ces différends, qui opposent la fédération au club depuis trois ans, ont notamment conduit Kaylia Nemour à représenter l’Algérie lors des compétitions internationales, plutôt que la France.
Des témoignages alarmants sur la brutalité et les remarques blessantes
Plusieurs autres témoignages ont été relayés sur le compte Instagram « balancetagym », décrivant un environnement où hurlements, remarques blessantes sur le niveau ou le poids, et actes de violence physique étaient monnaie courante. Chloris Foucat, ancienne licenciée du club, raconte notamment que des objets comme des plots ou des chaussures ont été jetés sur des gymnastes lors des moments de frustration. Ces témoignages illustrent un climat de tension et de violence qui semble avoir perduré dans ce club.
Une défense contestée et un contexte plus large
De son côté, Marc Chirilcenco, l’entraîneur principal, a nié toute brutalité, affirmant : «je ne valide pas ce que j’entends parce que ce n’est pas ce qui se passe dans la salle de gym». La fédération, pour sa part, avait déjà mené une enquête administrative en 2023 qui avait conclu à l’innocence du couple. Cependant, le ministère des Sports indique qu’« une nouvelle recevabilité d’éléments pourrait conduire à la réouverture d’une enquête administrative ».
Un contexte international marqué par des scandales
Ce scandale intervient dans un contexte mondial où la gymnastique est confrontée à une série de révélations sur des violences sexuelles, des maltraitances physiques et psychologiques, du harcèlement, voire des privations alimentaires, notamment à l’encontre de jeunes athlètes. En France, l’affaire du pôle de Marseille, dirigé par Vincent Pateau, condamné en 2023 à six mois de prison avec sursis pour harcèlement moral, illustre la nécessité d’une vigilance accrue dans ce sport exigeant.
Les révélations qui émergent dans le cadre du scandale d’Avoine soulignent l’urgence de renforcer la transparence et la vigilance dans la pratique de la gymnastique en France, afin de garantir un environnement sain et sécurisé pour tous les jeunes athlètes.








