France
Les matchs amicaux : entre préparation sérieuse et perception exagérée
Alors que la reprise des championnats approche à grands pas, la valeur des rencontres amicales continue de faire débat. Récemment, le revers inattendu de Naples face à Arezzo, une équipe de Serie C, a suscité une vague de critiques et de commentaires souvent précipités. Pourtant, il est essentiel de garder à l’esprit que ces matchs de préparation ne reflètent pas toujours la réalité du niveau de l’équipe dans la saison à venir.
Lors de ce premier match amical, même si l’entraîneur Antonio Conte avait aligné des recrues telles que Kevin De Bruyne, Noa Lang ou Lorenzo Lucca, il n’a pas hésité à faire tourner son effectif à la mi-temps, changeant la totalité de son onze. Tirer des conclusions hâtives de cette défaite est donc peu pertinent, surtout que ces rencontres sont souvent utilisées pour expérimenter et tester différentes stratégies sans que l’équipe ne soit encore au complet ou dans sa configuration idéale. Cependant, cette culture du résultat immédiat, alimentée par l’obsession des réseaux sociaux, tend à faire passer ces matchs pour des indicateurs définitifs, ce qui est une erreur fréquente.
Des déceptions qui ne préjugent pas de l’avenir
Ce phénomène ne concerne pas uniquement Naples. Par exemple, le Stade rennais a été très critiqué après une défaite 3-2 contre Brest lors d’un match disputé à Dinan, où l’entraîneur Habib Beye a exprimé sa frustration face à l’engagement de certains joueurs. Il est important de rappeler que Rennes, actuellement 12e en Ligue 1, reste en phase de préparation, tout comme d’autres équipes qui traversent une période de rodage. La même logique s’applique à l’Olympique de Marseille, qui, en 2022, après une seule victoire en quatre matchs amicaux, a su rebondir pour réaliser une saison historique avec un quadruplé, montrant que ces résultats ne sont pas des indicateurs fiables.
De leur côté, le Paris Saint-Germain n’a disputé que deux rencontres amicales en été 2024, obtenant deux nuls peu significatifs contre Sturm Graz et Leipzig, avant d’entamer la saison avec succès. Le Bayern Munich, quant à lui, a infligé 27 buts à une équipe de 9e division allemande lors d’un match de préparation, avant de connaître une saison blanche en championnat. Ces exemples illustrent que la performance lors des amicaux ne prédit pas forcément la suite.
Une surenchère médiatique et une surcharge des joueurs
Les instances comme la FIFPro ont alerté depuis plusieurs années sur la surcharge de travail imposée aux footballeurs, notamment avec des cadences infernales et des compétitions comme la Coupe du Monde des clubs, souvent considérée comme une hérésie dans le contexte de la santé des joueurs. Pourtant, la passion des supporters pour leur club ne faiblit pas, et beaucoup suivent chaque match, même en période de vacances, via des diffusions en direct sur Twitch ou YouTube. Autrefois, ces rencontres n’étaient pas ouvertes au public, et les résultats n’étaient connus que le lendemain dans la presse locale. Aujourd’hui, la diffusion en direct et la multiplication des contenus ont bouleversé cette tradition, alimentant une attente constante et une déconnexion mentale chez certains fans.
Il est donc essentiel de relativiser ces résultats et de laisser les équipes travailler sereinement durant cette période de préparation. Le début des championnats dans moins d’un mois doit être l’occasion pour les supporters de se concentrer sur la stratégie et le développement des joueurs, plutôt que sur des performances amicales qui, par définition, ne sont pas encore représentatives du niveau final. Laissons les entraîneurs et les joueurs faire leur travail, et évitons de tomber dans le piège des critiques faciles ou des généralisations hâtives, surtout à l’approche de la rentrée dans les championnats européens, que ce soit en Ligue 1, Serie A, Bundesliga ou Premier League.
