Violences et féminisation de l’espace public après la victoire du PSG
Le récent triomphe du Paris Saint-Germain en Ligue des champions, célébré avec ferveur dans toute la France, a laissé derrière lui un sillage de violences qui interpellent profondément. Si les images de voitures incendiées, de vitrines brisées et d’affrontements avec les forces de l’ordre ont largement été relayées, un aspect moins visible mais tout aussi alarmant mérite notre attention : l’effacement des femmes de l’espace public lors de cette célébration collective.
Ce samedi soir, alors que la fête battait son plein, deux jeunes femmes ont raconté avoir été victimes d’agressions sexuelles dans la foule. Rapidement, elles ont dû quitter précipitamment le rassemblement, trop tôt pour profiter pleinement de la victoire, mais déjà trop tard pour échapper à l’humiliation. Leur témoignage, relayé sur les réseaux sociaux, met en lumière une réalité souvent ignorée : dans le tumulte, leur sécurité n’a pas été assurée, leur présence marginalisée, voire invisible.
Une violence qui dépasse le cadre sportif
Les commentaires sous leur vidéo ont rapidement dévoilé une autre facette de cette violence : des propos misogynes, culpabilisant les victimes ou remettant en question leur présence. « Fallait pas y aller », « Ce n’est pas un endroit pour les femmes », ou encore « Elles l’ont bien cherché » sont autant d’expressions qui traduisent une société où la sécurité des femmes reste encore trop souvent une question secondaire. En 2025, cette situation soulève une question essentielle : peut-on encore participer à des événements populaires sans craindre pour sa sécurité ou sa dignité ?
Les chiffres sont sans appel : chaque année, plus de 114 000 agressions sexuelles sont recensées en France, dont 85 % concernent des femmes. Près d’une femme sur deux ne se sent pas en sécurité dans l’espace public. Ces statistiques traduisent une réalité inquiétante, où la fête collective devient un terrain propice à la violence et à l’insécurité pour une partie de la population.
Les enjeux d’une société en crise
Ce week-end, comme tant d’autres, des femmes ont préféré fuir plutôt que de célébrer. Certaines avant même la fin du match, d’autres en silence, le regard baissé, le pas pressé. La sécurité des femmes n’est plus une priorité dans ces moments de liesse collective. Elles deviennent invisibles, sauf lorsqu’elles deviennent la cible de violences ou d’agressions.
Ces débordements ne sont pas de simples excès liés à la passion sportive. Ils traduisent un effondrement progressif de l’autorité et une forme de décivilisation. Quand la peur de l’impunité s’installe, que la foule protège plus l’agresseur que la victime, c’est tout un modèle social qui vacille. Le football, symbole de rassemblement et de fierté nationale, agit comme une loupe qui amplifie ces dysfonctionnements : une société où la femme reste encore trop souvent reléguée à un statut marginal, sexualisée ou peu protégée.
Une sécurité encore insuffisante dans les grands événements
Malgré la fréquence de ces violences, les dispositifs de sécurité dans les stades et lors des rassemblements sportifs restent souvent aveugles aux agressions sexuelles. On prévoit les débordements, on encadre la foule, mais peu d’actions concrètes sont entreprises pour protéger spécifiquement les femmes. La formation des forces de l’ordre et des stewards à la détection des comportements déplacés, l’aménagement de zones de repli ou la sensibilisation dès l’entrée dans l’enceinte sont autant de mesures qui pourraient changer la donne.
Les femmes ont leur place dans ces espaces de fête. Elles ont le droit de vivre ces moments de sport dans la sécurité, dans le respect, sans craindre d’être ciblées ou humiliées. Ce n’est pas une faveur, mais une nécessité impérieuse. Leur présence doit être pleinement légitime, leur sécurité une priorité absolue.
Une société à réinventer
Les violences faites aux femmes ne sont pas un simple incident isolé. Elles sont le symptôme d’un malaise profond, d’une société qui se fissure et qui doit impérativement retrouver ses repères. La sécurité, la justice et le respect doivent redevenir des piliers fondamentaux. Sinon, ce que nous avons vu samedi soir ne restera pas une exception, mais deviendra la norme dans notre quotidien.









