Le gouvernement français prépare la seconde édition de son dispositif de leasing social, ou voiture à 100 €/mois, dans le contexte de l’électromobilité. Cependant, les constructeurs automobiles ne sont pas satisfaits, car leurs recommandations pour améliorer le dispositif n’ont pas été prises en compte, ce qui pourrait compliquer la mise en œuvre du projet en 2025.
Le contexte du leasing social en France
Depuis son lancement, le leasing social a permis à de nombreux ménages modestes d’accéder à des voitures électriques abordables. La première phase, qui s’est déroulée de janvier à mi-février 2024, a connu un succès remarquable avec près de 50 000 véhicules commandés, alors que le quota initial était inférieur à 25 000 exemplaires. Cette forte demande a initialement rassuré les constructeurs, mais la situation s’est rapidement compliquée.
Les fabricants ont formulé plusieurs recommandations pour améliorer le dispositif, notamment pour mieux gérer l’offre et la valeur résiduelle des véhicules. Pourtant, dans le projet d’arrêté présenté par le gouvernement le 22 mai, aucune de ces suggestions n’a été intégrée, ce qui suscite leur mécontentement.
Le financement du leasing social 2025
Pour réduire les dépenses publiques en 2025, le gouvernement envisage de limiter sa contribution financière au dispositif. En 2024, l’aide totale par véhicule s’élevait à environ 13 000 €, financée à 100 % par le budget de l’État, comprenant un bonus majoré de 7 000 € et une aide exceptionnelle de 6 000 €.
Pour 2025, le financement sera principalement assuré par les certificats d’économies d’énergie (CEE), avec une contribution moindre via le bonus majoré, qui sera réduit à 4 000 €. Le projet d’arrêté indique que le volume de CEE alloué ne dépassera pas 41 TWh sur la période 2025-2030, correspondant à un budget maximal de 369 millions d’euros, soit environ 7 830 € par véhicule. Ainsi, l’aide totale ne dépassera pas 11 830 € par voiture électrique, contre 13 000 € en 2024.
Impact sur le prix des véhicules électriques en 2025
La réduction des aides publiques aura forcément une incidence sur le prix final des véhicules. En 2024, certains modèles étaient proposés à des tarifs très attractifs, comme la Renault Twingo à partir de 40 €/mois, la Fiat 500e à 49 €/mois, ou la Citroën ë-C3 à 54 €/mois. Avec la baisse du montant de l’aide, ces offres risquent d’être moins accessibles en 2025.
Le gouvernement souhaite que les véhicules proposés dans le cadre du leasing social tournent autour de 100 €/mois, ce qui constitue une hausse par rapport à l’année précédente. En revanche, les véhicules plus familiaux, qui étaient déjà autour de 150 €/mois, pourraient être exclus du dispositif, ce qui serait une mauvaise nouvelle pour les familles avec enfants, souvent plus dépendantes de ce type de véhicule.
Par exemple, la Renault Mégane E-Tech, qui coûtait environ 150 €/mois en 2024, pourrait ne plus correspondre aux critères de cette nouvelle édition.
Réservations et zones éligibles
Le projet d’arrêté prévoit que 5 000 dossiers sur les 50 000 au total seront réservés à des habitants de zones à faibles émissions mobilité (ZFE). Ces zones concernent notamment les communes où la circulation est fortement restreinte pour limiter la pollution.
Ce quota de 10 % vise à favoriser l’accès au leasing social pour les personnes résidant ou travaillant dans ces zones. Cependant, cette mesure pourrait ne pas suffire à convaincre les zones à faibles émissions de conserver leur statut, alors que les débats autour de leur maintien continuent.
Les préoccupations des constructeurs
Les constructeurs automobiles souhaitaient que le leasing social puisse également s’étendre aux véhicules d’occasion, afin de mieux gérer la valeur résiduelle des véhicules électriques, qui devraient entrer massivement sur le marché de l’occasion à partir de 2027. La crainte est que cette transition déstabilise le marché et fasse perdre de la valeur aux véhicules neufs, impactant la rentabilité des concessionnaires.
Un autre enjeu concerne le mode de financement. En 2024, le remboursement des aides aux concessionnaires prenait plusieurs mois en raison de problèmes techniques avec l’ASP. La nouvelle configuration du financement pourrait entraîner de nouveaux retards ou difficultés, ce qui pourrait dissuader certains concessionnaires de participer au dispositif, voire refuser de prendre des commandes.
Les grands constructeurs, comme Renault ou Stellantis, devront décider s’ils souhaitent s’engager dans cette nouvelle phase du leasing social, sachant que la rentabilité et la gestion de la valeur de leurs véhicules seront des enjeux cruciaux. La réponse officielle est attendue pour la rentrée 2025, date prévue pour le lancement officiel de cette nouvelle édition.









