En décembre dernier, Imke Wübbenhorst est devenue maman tout en menant Young Boys à la conquête du championnat suisse de football féminin, un titre inédit pour le club bernois depuis 2011. À 36 ans, cette entraîneure allemande partage son expérience de la maternité combinée à un emploi exigeant au plus haut niveau du sport.
Un parcours bouleversé par la famille et le football
Arrivée à Young Boys en 2022, célibataire avec seulement un dalmatien et une voiture décapotable, Imke Wübbenhorst vit désormais entourée de sa famille recomposée. Elle habite dans une maison paisible à Berne avec son compagnon, les fils de ce dernier âgés de 13 et 17 ans, et leur enfant né récemment. Le foyer inclut également quatre lapins et un chien, incarnant un véritable changement de vie.
Sans plan précis au départ, son seul objectif a toujours été de réussir en tant qu’entraîneure. Passionnée par le football, elle s’est tournée vers ce sport après des études en sport, biologie et sciences de l’éducation.
Concilier maternité et coaching de haut niveau
Devenue maman en décembre, Imke évoque la magie de la maternité malgré le manque de sommeil : « Le petit s’endort alors que je lui donne le sein, je sombre à mon tour. Je le change de côté et poursuis ma nuit. » Elle souligne l’importance de son entourage, en particulier sa mère et bientôt son père, venus lui apporter leur soutien indispensable.
Lors des déplacements à l’extérieur, son fils l’accompagne avec sa grand-mère dans le bus de l’équipe. Une anecdote illustre cette organisation : lors d’une demi-finale contre le FC Zurich, elle a tiré son lait dans les vestiaires à la mi-temps pour nourrir son enfant, illustrant sa détermination permanente à trouver des solutions.
Ses joueuses la soutiennent pleinement, trouvant le bébé très mignon, et la situation n’a en rien perturbé le groupe malgré la pression des matchs.
Un retour remarqué et un soutien indispensable
Revenant de congé maternité en mars, la situation d’Imke Wübbenhorst est une première dans le football suisse féminin, son club et son entourage lui offrant la flexibilité nécessaire pour poursuivre son travail. Elle travaille en partie depuis chez elle et peut emmener son enfant dans le bus de l’équipe.
Anciennement première femme à entraîner une équipe d’hommes à un niveau élevé en Allemagne, elle ne cherche pas à être pionnière, mais simplement à concilier avec succès ses rôles de maman et de coach.
Considérée comme un modèle pour de nombreuses femmes, elle reçoit souvent des retours grâce auxquels elle réalise son impact inspirant sur la communauté féminine du sport.
Vers un titre suisse et une qualification européenne
Son retour a permis à Young Boys d’enchaîner un come-back impressionnant, offrant au club un titre de championnat ainsi qu’une qualification pour la Coupe d’Europe. Elle met en avant le travail de son remplaçant durant son absence, Rolf Kirchhofer, et souligne l’importance de la solidarité au sein du club.
Elle se souvient également d’une interview où, sous le coup de l’émotion, elle avait sévèrement critiqué le comportement de l’adversaire en finale, Servette-Chênois. Pour elle, affronter des équipes aussi âpres augmente le niveau général du championnat.
Une vision claire pour le développement du club
Plutôt que d’investir massivement dans le recrutement de joueuses, Young Boys mise sur des structures solides. Le club est unique dans le championnat suisse à évoluer encore dans un grand stade et à embaucher à plein temps une directrice générale, Fränzi Schild. Les entraîneurs des équipes jeunes y travaillent à temps partiel, consolidant ainsi une organisation professionnelle et durable.
L’importance des rencontres avec un large public
Imke reste prudente quant aux comparaisons entre les publics masculins et féminins, où les premiers attirent trois fois plus de spectateurs. Pour elle, ces comparaisons sont inutiles et chaque catégorie doit évoluer à sa façon.
Elle cite une étude qui envisage d’ajuster la taille des buts en fonction des caractéristiques physiques des joueuses et joueurs, mais se démarque des propositions visant à réduire la taille des cages féminines. Le football féminin, selon elle, offre une proximité avec les fans qui le rend unique : les joueuses signent beaucoup d’autographes et restent accessibles, à l’inverse des stars masculines désormais davantage isolées.
De jeunes étoiles pour porter le football féminin suisse
Des joueuses comme Iman Beney et Naomi Luyet sont des visages clés du développement du football féminin suisse. Leur présence attire de nombreux fans aux stades et génère un engouement palpable, jusque lors des entraînements et déplacements. Ces deux talents sont encore amenés à progresser, notamment en défense et en force mentale, mais leur potentiel est immense.
Imke se dit convaincue que, malgré leurs potentiels départs, elles préfèrent pour l’instant la philosophie et l’accompagnement proposés par Young Boys, où elles bénéficient d’un encadrement attentif et impliqué.
Perspectives pour le football féminin en Suisse
Selon l’entraîneure, pour remplir davantage les stades lors des tournois féminins et atteindre un public de 5 000 spectateurs par rencontre, il faut revoir le système global : plus de moyens, plus de personnel et une communication renforcée sont indispensables.
L’Euro féminin, qui se tiendra en Suisse, pourrait constituer un tournant, attirant un large public ravi de découvrir du spectacle de haut niveau. Ce sera l’occasion d’élever le niveau et de captiver de nouveaux supporters.
Imke regrette cependant le manque de spectacle parfois constaté lors des matchs du championnat national féminin, insistant sur la nécessité d’offrir davantage d’adrénaline et d’intensité pour fidéliser le public.
Enfin, elle souligne les difficultés liées au calendrier, avec des chevauchements entre finales féminines et masculines, et le refus des diffusions en journée séparée. Elle invite à s’imposer davantage pour éviter ces collisions et favoriser la croissance du football féminin.












