Keinan Davis, passé par Aston Villa, Nottingham Forest et Watford, est désormais une figure emblématique de l’Udinese en Serie A, un parcours inattendu pour cet ancien joueur de Stevenage, dont la carrière a failli basculer à bien des égards.
La métamorphose inattendue d’un joueur britannique en Italie
Il y a près de 12 mois, Keinan Davis est entré dans la légende du nord-est de l’Italie. Un seul but inscrit en huit rencontres lors de sa première saison peut paraître modeste, mais dans le football, une fraction de seconde peut tout changer. Victime d’une saison perturbée par les blessures, le joueur a passé beaucoup de temps en rééducation et avec un temps de jeu très limité. Cependant, lors de la dernière journée de championnat, à la 75e minute d’un déplacement contre Frosinone, Davis a su saisir sa chance.
Ce but est celui qui a maintenu Udinese en Serie A. C’était un moment d’euphorie, de rédemption, et surtout un immense soulagement. « Nous étions dans une période difficile, je ne pouvais pas vraiment aider et je suis là pour aider, » confiait-il. « Je ressentais que je décevais mes coéquipiers, que je me décevais moi-même. Marquer ce but me paraissait écrit. »
Sans son maillot après avoir glissé sur la pelouse, il a immédiatement conquis le cœur des supporters d’Udinese.
Des débuts modestes, un apprentissage sous John Terry
Âgé de 27 ans, Keinan Davis ne s’imaginait pas un jour jouer en Italie, son rêve initial étant de percer dans son club local de Stevenage. Recalé à 17 ans par le club, il s’est d’abord tourné vers un apprentissage de barbier avant de saisir une opportunité à Aston Villa. Il y a appris beaucoup, notamment aux côtés de John Terry dont il a observé « les manières, la méthode de travail et l’intensité à l’entraînement ».
Il confie : « Quand on grandit dans une petite ville comme Stevenage, la Serie A ne fait pas partie des rêves. J’imaginais surtout jouer en Premier League ou en Championship, rester en Angleterre. J’étais persuadé que je jouerais pour Stevenage. » Le départ pour l’Italie l’a d’abord effrayé. « J’avais peur de quitter l’Angleterre. Mais après en avoir discuté avec mon entourage, quelqu’un de proche m’a demandé : ‘tu préfères jouer en Championship ou tenter ta chance en Serie A ?’ Cette question m’a permis de voir les choses autrement. La décision était évidente, surtout pour un club comme Udinese. »
L’adaptation à Udinese et les premiers obstacles
Connaissant la réputation d’Udinese d’avoir révélé des joueurs légendaires comme Antonio Di Natale ou Alexis Sánchez, Davis a pris conscience de l’importance du club qu’il rejoignait. Accompagné de sa compagne et de leur fille, il s’est installé dans sa nouvelle vie, même s’il avoue ne pas être un grand fan de la gastronomie locale.
Son attachement à Stevenage se retrouve néanmoins dans son ressenti à Udine : « L’énergie est similarie, les gens se déplacent sans anicroche, sans drame, c’est tranquille. C’est relaxant, un peu comme chez moi. » Malgré ses connaissances chez Watford, un sérieux problème de blessure au mollet peu après son arrivée l’a contraint à passer beaucoup de temps à la salle de sport, éloigné de ses coéquipiers. Il explique : « Quand tu joues vraiment avec tes coéquipiers, tu gagnes leur respect. Sur le terrain, ils voient ce que tu fais, ton niveau. Ça construit ta place dans l’équipe et renforce tes relations. Moi, je ne pouvais pas m’entraîner, j’étais souvent seul, blessé et éloigné du groupe. Et sans parler la langue, c’était dur. Mais je restais toujours proche. »
Cette période a été difficile mentalement, car être blessé et incapable de faire ce qu’on aime est forcément stressant.
L’ascension à Udinese et les succès récents
Après ce but décisif contre Frosinone, la notoriété de Davis n’a fait que grandir à Udine. Sa deuxième saison fut couronnée par plusieurs distinctions de joueur du mois et il a été élu meilleur joueur d’Udinese en 2024. Le capital confiance gagné s’est aussi manifesté dans sa relation avec ses coéquipiers, qui n’hésitent plus à le taquiner, notamment après avoir soutenu Arsenal – son club de cœur – lors de la Ligue des champions.
Le retour d’Alexis Sánchez à l’Udinese en août 2024 a aussi offert à Davis une opportunité unique de jouer avec l’un de ses héros personnels : « C’était surréaliste. Sánchez est une légende ici, il a une technique et une vivacité incroyables, il a tout gardé. » Toutefois, une nouvelle blessure a momentanément stoppé son élan. Après être revenu à son meilleur niveau, il a été contraint de s’arrêter à nouveau, cumulant plusieurs semaines d’absence.
Malgré ce coup dur, Davis reste positif : « J’ai appris à ne jamais lâcher. Même blessé, je sais qu’il faut continuer, revenir plus fort et progresser. Cette persévérance a payé l’an dernier, et je suis prêt à répéter l’effort. »
Un avenir prometteur en Serie A
Alors que la saison tire à sa fin, Keinan Davis a rapidement retrouvé sa place dans les plans de l’entraîneur Kosata Runjaic, débutant les trois dernières rencontres. L’été arrive un peu trop vite alors qu’il est prêt à repartir au combat, mais il a tiré de nombreux enseignements de cette expérience.
Le joueur estime que ses qualités sont parfaitement adaptées au championnat italien et il se voit évoluer à la manière de Romelu Lukaku ou Rafael Leao, profitant de l’ouverture des espaces dans un football tactiquement rigoureux. Fidèle à lui-même, Davis souligne que la clé de son succès réside dans sa condition physique et sa progression constante, individuelle et collective.
« L’objectif principal est de rester en forme pour pouvoir montrer ce que je vaux. Chaque année, il faut améliorer ce qu’on a fait l’année précédente, à titre personnel et pour l’équipe. »









