La règle exigeant le port du skort en camogie suscite une vive polémique en Irlande. De nombreuses joueuses dénoncent une contrainte jugée sexiste et inconfortable, réclamant davantage de liberté vestimentaire pour évoluer dans cette discipline populaire au sein des Gaelic Games.
Le skort : une obligation contestée
La réglementation actuelle encadrant la tenue des joueuses de camogie impose le port obligatoire d’une jupe, d’un skort (un short muni d’un pan de tissu rappelant une jupe) ou d’une jupe fendue. Cette règle s’oppose notamment à celle du football gaélique féminin qui autorise le port de shorts.
Le camogie est sous la gouvernance de la Camogie Association of Ireland, étroitement liée à la Gaelic Athletic Association (GAA) et en collaboration avec la Ladies Gaelic Football Association, dont l’intégration officielle au sein de la GAA est prévue pour 2027.
Une polémique qui perdure depuis deux décennies
Jane Adams, ancienne joueuse ayant évolué 20 ans dans ce sport, a confié à BBC News NI que le skort « a toujours posé problème aux joueuses » au cours de sa carrière. Retirée des terrains depuis 2016, elle exprime son incompréhension que cette question soit encore débattue en 2025.
Pour elle, cette règle constitue un « cri de sexisme », estimant que les femmes ne devraient pas subir une contrainte vestimentaire aussi stricte. « Les skorts et les shorts se ressemblent, mais tout est une question de confort », affirme-t-elle.
Jane Adams considère le dossier comme un « non-événement » qu’il aurait fallu modifier depuis longtemps et estime que l’une des raisons des abandons dans le camogie réside dans cette controverse.
Elle invite à rechercher une solution plutôt qu’à en faire un combat et regrette que certaines positions au sein de l’association l’aient poussée à raccourcir prématurément sa carrière.
Un fort mouvement pour plus de choix

En 2023, les équipes d’Antrim et de Tipperary ont manifesté leur mécontentement lors d’un événement à Croke Park, mettant en lumière les inégalités persistantes entre joueurs masculins et féminins des Gaelic Games en arborant des t-shirts « United for Equality ».
Un sondage de la Gaelic Players Association révèle que 70 % des joueuses ressentent un inconfort en portant le skort, tandis que 83 % souhaitent pouvoir choisir le short comme alternative.
Ashling Thompson, joueuse de camogie de Cork, a annoncé que son équipe porterait des shorts lors de la finale senior du Munster, défendant ce choix même au risque d’abandonner le match ou de céder le titre à l’équipe adverse.
Les joueuses réclament confort et respect

Aislín Ní Choinn, qui pratique le camogie depuis 15 ans, dénonce l’inadaptation des skorts, soulignant que cette question était un sujet récurrent dans les vestiaires. Selon elle, ces tenues ne sont jamais portées à l’entraînement, où le short est préféré pour son confort.
Elle met en avant la prévention du bien-être des joueuses, évoquant la gêne que provoque le skort lors des périodes menstruelles, notamment au niveau du maintien et de la sensation d’exposition sur le terrain.
« Quand on joue en se demandant si on est exposée parce que notre skort remonte, on devient très vulnérable, ce qui nuit à la concentration » précise-t-elle.
Des avis partagés au sein de la communauté

Elen McIntosh, capitaine de l’équipe senior de Ballycastle, souligne que d’autres problématiques plus cruciales pèsent sur le sport féminin, telles que l’accès aux infrastructures, le financement ou la couverture médiatique.
Elle juge que la polémique autour du skort ne doit pas occulter ces enjeux majeurs. Néanmoins, elle plaide pour que la décision concernant la tenue soit laissée aux joueuses, sans imposition extérieure.
Une demande de liberté vestimentaire partagée à l’étranger

Caoimhe Mallon est secrétaire du club Fullen Gaels, seule équipe senior de camogie dans le nord de l’Angleterre. Elle déplore que les mêmes règles restrictives s’appliquent hors d’Irlande.
Joueuse à la fois de football gaélique et de camogie, elle ne comprend pas pourquoi le skort est obligatoire uniquement en camogie et pas en football gaélique féminin. Le vrai problème, selon elle, est le manque d’option.
« Nous faisons connaître les Gaelic Games en Grande-Bretagne. Peu importe ce que nous portons, ce qui importe, c’est le jeu et la performance » insiste-t-elle.








