Espagne, Angleterre, Brésil
Antony traverse une véritable renaissance au Real Betis Séville après un passage difficile à Manchester United. Le joueur brésilien de 25 ans, longtemps critiqué en Angleterre, retrouve désormais sa meilleure forme sous le soleil andalou, redonnant espoir aux supporters et illustrant un parcours singulier.
Des débuts tumultueux en Premier League
Recruté lors de l’été 2022 pour la somme colossale de 95 millions d’euros, Antony s’engageait à Manchester United sous l’ère Erik ten Hag, espérant s’épanouir aux côtés de son compatriote Lisandro Martínez. Considéré comme le 17e transfert le plus cher de l’histoire, il suscitait de fortes attentes. Pourtant, ses performances en Premier League décevront, entre statistiques décevantes (douze buts en une centaine de matchs), prestations en demi-teinte et une image écornée par des accusations de violences conjugales qui ont finalement été blanchies.
Un geste symbolique résume bien son calvaire : lors d’un match de Ligue Europa face au Sheriff Tiraspol, il réalise un double tour avec le ballon – surnommé « la toupie » – avant de délivrer une passe ratée pour Casemiro. Ce moment, devenu viral, cristallisait toute la difficulté d’Antony à s’imposer outre-Manche.
Un passé marqué par une enfance difficile
Enfant des favelas de São Paulo, Antony a grandi dans un quartier dangereux surnommé « Inferninho » (le petit enfer), marqué par la pauvreté, la violence et les trafics. Dans une interview accordée au Players Tribune, il révèle avoir vécu des expériences traumatisantes, croisant même un homme récemment décédé sans y prêter attention. Le football a été pour lui un refuge et un moyen d’émancipation.
Inspiré par des icônes brésiliennes telles que Ronaldinho ou Neymar, il explique : « J’étais petit, mais je dribblais avec une méchanceté qui venait de Dieu. Dribbler a toujours été quelque chose ancré en moi. Je mettais un elastico aux dealers, un arc-en-ciel aux chauffeurs de bus, un petit pont aux voleurs. Je n’en avais rien à foutre. » Cette audace et ce talent naturel lui ont ouvert les portes de l’académie du São Paulo FC.
La redécouverte du bonheur au Betis Séville
En difficulté en Premier League, Antony a trouvé un nouveau souffle en rejoignant le Real Betis à l’hiver 2025, un club alors 11e de la Liga. Son arrivée a été chaleureusement célébrée, notamment grâce à une vidéo de présentation originale faisant référence au réalisateur David Lynch pour souligner son « passage d’une ville morne et grise à la lumière sévillane ».
Rapidement, Antony a démontré qu’il n’avait rien perdu de son talent. Il marque dès son deuxième match en Liga, malgré une défaite contre le Celta Vigo (2-3), avant d’enchaîner les buts décisifs face à la Real Sociedad, la Gantoise et Vitória Guimarães, affichant ainsi un état de grâce retrouvé. Sa technique, son pied gauche chirurgical, et ses gestes spectaculaires font l’unanimité.
Une réhabilitation réussie selon la direction sportive
Manu Fajardo, directeur sportif du Betis, explique dans Marca : « Ici, nous travaillons sur les joueurs dévalués, ceux qui ont atteint un très gros niveau mais qui ont connu un déclin pour diverses raisons. C’est le cas d’Antony, qui a performé dès sa première minute au Betis. » Cette politique de relance a aussi permis à d’autres joueurs comme Isco ou Cédric Bakambu de retrouver leurs couleurs.
Les résultats parlent d’eux-mêmes : depuis février, le Betis a perdu seulement deux matches, occupant une position de haut de tableau en Liga et progressant en Ligue Conférence, où Antony s’est encore illustré par une reprise de volée splendide à 20 mètres, un but qui a impressionné même son ancien coéquipier au poste de gardien, David de Gea.
Un avenir prometteur sous les couleurs verdiblancas
Après plusieurs mois exceptionnels, tous souhaitent désormais voir Antony prolonger son aventure à Séville. Sa capacité à illuminer le terrain et à faire vibrer le Benito-Villamarín fait de lui une pièce maîtresse du collectif bético. Son visage est passé de celui d’un joueur en perdition à celui d’un bijoutier du football andalou, capable de sublimer chaque ballon touché.
Avec ses performances, Antony commence à s’inscrire dans la lignée des grands Brésiliens qui ont marqué l’histoire du club, comme Denílson. La renaissance de cet ailier talentueux symbolise ainsi une réussite à la fois sportive et humaine, démontrant qu’un nouveau départ peut changer une carrière.
source:https://www.sofoot.com/articles/ligue-conference-antony-une-otarie-en-liberte-au-real-betis
