La Coupe du monde de rugby 2023, organisée en France à l’automne dernier, a rencontré un succès incontesté sur les plans populaire, sportif et médiatique. Cependant, derrière cette réussite apparente, se cache un véritable gouffre financier qui menace l’avenir du rugby français, selon un rapport sévère de la Cour des comptes rendu public le mardi 8 avril.
Un succès populaire, mais une gouvernance critiquée
Le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, n’a pas mâché ses mots lors de la présentation du rapport final sur l’organisation de la Coupe du monde de rugby 2023 en France. Il a qualifié la gouvernance de la candidature et de la préparation du tournoi de « gravement défaillante ». Cette critique souligne les failles dans la gestion des aspects financiers et organisationnels de l’événement.
Des résultats financiers contrastés
Le comité d’organisation, France 2023, sous forme de groupement d’intérêt public (GIP), a réalisé un bénéfice record de 55 millions d’euros grâce à une billetterie exceptionnelle, avec plus de 2,4 millions de tickets vendus. Ce chiffre constitue un record historique dans le domaine du rugby international.
Toutefois, ce bilan positif est largement compensé par les pertes enregistrées ailleurs :
- Un déficit de 15,9 millions d’euros imputé à Campus 2023, un programme de formation d’apprentis aux métiers du rugby.
- Un important déficit dans le groupement d’intérêt économique (GIE) chargé de commercialiser les droits d’hospitalités pour le tournoi, comprenant la billetterie combinée à des prestations haut de gamme telles que la restauration et l’hôtellerie.
Le GIE, dont le GIP détient 45 % des parts et la Fédération française de rugby (FFR) le reste, pourrait enregistrer un déficit final atteignant 53 millions d’euros. Ce résultat négatif est aggravé par divers contentieux commerciaux et fiscaux toujours en cours.
Un impact financier lourd pour le rugby français
La Cour des comptes estime que, en incluant les litiges en suspens, le résultat financier global de cette Coupe du monde oscille entre un gain hypothétique de 18,5 millions d’euros, dans le meilleur scénario d’une issue favorable des contentieux, et une perte de 13,9 millions d’euros dans le pire des cas. Cette incertitude financière laisse planer de sérieux doutes sur la solidité économique de l’organisation du tournoi, malgré son immense succès médiatique et populaire.









