Wout Van Aert traverse une période difficile, marquée par des blessures physiques et des épreuves psychologiques, alors qu’il s’apprête à affronter le Tour des Flandres, une course qu’il rêve de gagner depuis toujours.
Une préparation marquée par la résilience
À 30 ans, le coureur belge Flamand Wout Van Aert sait que son temps est précieux. Ce dimanche, il ne figure pas parmi les principaux favoris à la victoire face à des rivaux tels que Mathieu van der Poel et Tadej Pogacar, qualifiés comme « clairement les deux grands favoris ». Son objectif est désormais de jouer les trouble-fête en terminant en tant que troisième homme.
Cependant, Van Aert arrive au départ du Monument pavé sans avoir vécu une préparation optimale. Mercredi dernier, il a subi une défaite cuisante lors de la course À travers la Flandre, terminant deuxième derrière l’Américain Neilson Powless, qui a remporté le sprint à quatre face à Van Aert et ses coéquipiers Matteo Jorgenson et Tiesj Benoot.
Cette défaite, Van Aert en a assumé la responsabilité, estimant avoir été « égoïste » et trop confiant dans son sprint. « Je voulais tellement cette victoire. Après mon année difficile, après tous les ennuis, après toutes les critiques que j’ai essuyées », confiait-il à l’arrivée à Waregem.
Malgré tout, le soutien de son équipe l’a réconforté : « Je n’ai pas très bien dormi derrière mais là je me sens beaucoup mieux. Tout le monde dans l’équipe m’a soutenu et ça m’a fait beaucoup de bien. »
Un palmarès entaché par les blessures et les critiques
Un succès au Tour des Flandres représenterait une véritable rédemption pour Van Aert, vainqueur de Milan-Sanremo, mais qui n’a plus remporté de classique depuis Kuurne-Bruxelles-Kuurne en février 2024. Cette longue période sans victoire est particulièrement lourde à porter pour un coureur de son calibre.
Sa carrière a été perturbée l’an dernier par une lourde chute, avec de multiples fractures survenues lors d’À travers la Flandre, ce qui lui a coûté un printemps amputé, notamment des classiques majeures et du Giro. Le Belge était néanmoins revenu en forme pour décrocher la médaille de bronze en contre-la-montre aux Jeux Olympiques de Paris et remporter trois étapes de la Vuelta, avant de subir une nouvelle chute sérieuse en Espagne.
Son genou, encore gonflé et marqué par de profondes cicatrices, témoigne de son combat pour se relever. Son début de saison 2025 reste prudent. Il a renoncé à Milan-Sanremo et opté pour un stage de trois semaines en Espagne afin de se préparer à fond pour le « Ronde » et Paris-Roubaix.
En Belgique, les critiques ne manquent pas, notamment dans la presse et auprès des anciens champions. Johan Museeuw a exprimé son incompréhension face à son choix de ne pas participer à Gand-Wevelgem plutôt que de partir en stage, ce qui, selon lui, complique sa position en course.
Par ailleurs, Van Aert est devenu la cible d’internautes virulents sur les réseaux sociaux, certains lui reprochant de privilégier sa vie de famille à sa carrière, ce qui l’a contraint à réagir publiquement.
Le soutien de Pogacar et les doutes en Belgique
Le Slovène Tadej Pogacar a récemment pris la défense de Van Aert, dénonçant l’effet néfaste des réseaux sociaux sur le moral des coureurs : « Les réseaux sont un cancer. On y trouve beaucoup de choses positives mais aussi énormément de négatives. Et cela peut vraiment gâcher votre journée. » Il a salué la capacité de Van Aert à trouver « un supplément d’énergie » lors des grandes courses.
En revanche, en Belgique, beaucoup s’interrogent sur la capacité de « WVA » à se transcender malgré les traumatismes accumulés. Axel Merckx a souligné que les deux grosses chutes de l’an passé et sa paternité – avec deux enfants nés en 2021 et 2023 – ont changé sa perception de la vie et de sa carrière, ce qui pourrait jouer en sa défaveur.
Le psychologue du sport Manuel Dupuis explique d’ailleurs que les traumatismes issus des chutes précédentes peuvent entraîner des « inhibitions » sur un coureur. Malgré ces lourds challenges, Van Aert reste combatif : « Ça va être compliqué de gagner, je le sais, mais physiquement je suis à 100 %, j’ai travaillé très dur pour ça », a-t-il affirmé vendredi, à seulement deux jours de la course qu’il rêve de remporter depuis son enfance.
Son meilleur résultat sur le Tour des Flandres reste une deuxième place en 2020, il y a déjà cinq ans, mais sa détermination demeure intacte.











