Le football féminin en quête de figures médiatiques en France

Le football féminin en quête de figures médiatiques en France

Le football féminin en France cherche une figure médiatique pour s'imposer.

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Le football féminin en France continue de faire face à de nombreux obstacles, allant du sexisme aux horaires inadaptés en passant par une visibilité médiatique limitée. Pour faire avancer la discipline, il devient essentiel d’incarner ces combats à travers des figures de proue fortes, telles qu’une Megan Rapinoe à la française, capables de porter un message mais aussi de véhiculer des valeurs, à condition que leur voix soit enfin entendue.

Capitaine de l’équipe de France, Wendie Renard ne sort (presque) jamais du cadre footballistique.
Capitaine de l’équipe de France, Wendie Renard reste principalement centrée sur le football.

Le sport féminin, avenir du sport ?

Lors de l’événement Femmes capitales, organisé au Parc des Princes par le Paris Saint-Germain et Deloitte, Gilles Galinier, directeur de la communication d’Arkema et sponsor principal de la Première Ligue, a souligné : « J’ai envie de dire que le sport féminin est peut-être l’avenir du sport. » Cette prononciation pose le décor de la nécessité d’une présence plus affirmée des sportives dans l’espace médiatique et politique.

La question centrale abordée lors de cette table ronde porte sur le poids encore trop faible de la parole des sportives de haut niveau dans le débat public, notamment des footballeuses françaises.

La quête d’une icône médiatique française

Marie Patouillet, médaillée d’or paralympique en cyclisme, a exprimé son souhait clair : « J’attends qu’en France, on ait une Serena Williams, qu’on ait une Megan Rapinoe, qu’on ait une Naomi Osaka, qui ose prendre la parole, qui devienne un modèle par ses performances, mais également pour ses prises de position. » Cette personnalité forte manque encore dans le paysage sportif hexagonal, particulièrement dans le football féminin.

Quelques figures comme Cassandre Beaugrand en triathlon, Clarisse Agbégnénou en judo ou Pauline Ferrand-Prévot en VTT sont reconnues et respectées, mais elles peinent à occuper pleinement le rôle de porte-parole engagé. Du côté du football, Wendie Renard, Eugénie Le Sommer ou Sakina Karchaoui sont connues, mais restent souvent cantonnées à leur rôle sportif.

Triple championne olympique, Clarisse Agbegnenou a aussi décroché la médaille de bronze en individuel aux JO de Paris.
Triple championne olympique, Clarisse Agbégnénou incarne l’excellence sportive mais reste rarement une voix engagée dans le débat public.

Un espace médiatique encore trop masculin

La difficulté pour les femmes à s’imposer dans le débat public est un reflet de la société. Ce sont majoritairement les hommes qui s’expriment avec aisance et sont écoutés. L’an dernier, les joueurs masculins de l’équipe de France ont été largement médiatisés pour leurs prises de parole sur des sujets politiques nationaux, soulignant un déséquilibre persistant.

Selon Marie Patouillet, « aujourd’hui en tant que femme, on n’a pas l’espace pour prendre position. On a peur de la prendre, cette place-là. C’est même pire : on ne sait pas la prendre. » Elle souligne que si on offrait la liberté totale à une sportive, elle hésiterait d’abord, doutant de sa légitimité à occuper ce rôle.

Michelle Gilbert, directrice de la communication du PSG, confirme ce constat : « La légitimité est un mot très important. Les femmes se demandent souvent s’il est légitime de dire ce qu’elles pensent ou de prendre une position. »

Les racines d’un manque de confiance

La sociologue du sport Béatrice Barbusse avance plusieurs explications à cette absence d’affirmation. Premièrement, elle pointe du doigt la culture française : « C’est un pays conservateur, particulièrement sur les droits des femmes. Nous avons donné le droit de vote aux femmes seulement en 1944, ce qui explique en partie l’absence d’icônes sportives engagées publiquement sur des sujets sociétaux. »

Ensuite, le cadre sportif lui-même limite les initiatives. « On apprend aux sportifs à se concentrer uniquement sur leurs performances. Chaque fois qu’un sportif ou une sportive de haut niveau prend position, on lui reproche de ne pas être à sa place et on lui demande de se taire », explique-t-elle.

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source:https://www.huffingtonpost.fr/sport/article/pourquoi-le-foot-feminin-n-arrive-pas-a-trouver-sa-figure-mediatique-de-premier-plan_248407.html

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