Au cœur des vastes dunes d’Arabie saoudite, une passion flamboyante anime de plus en plus d’adeptes : le dérapage contrôlé. Chaque année, dans la région de Zoulfi, au nord-ouest de Ryad, des pilotes, professionnels comme amateurs, se livrent à ce sport extrême mêlant adresse, puissance et adrénaline, sous les regards attentifs d’une foule passionnée.
Un terrain naturel propice à l’adrénaline
À Zoulfi, à plus de 200 kilomètres de la capitale saoudienne, les dunes abruptes deviennent le théâtre de courses intenses où les 4×4 rugissent en soulevant des nuages de sable. Abdelilah al-Rabea, cadre dans le privé, souligne : « Ce sport est populaire en Arabie saoudite et dans les pays du Golfe, grâce à la présence de ces dunes. » Selon lui, atteindre le sommet des dunes demande un effort considérable, avec les risques de tonneaux ou d’enlisement pour les débutants.
Le coût très bas du carburant en Arabie saoudite, autour de 0,57€ le litre, encourage cette pratique automobile hors norme, en faisant un loisir accessible au plus grand nombre.
Épreuves extrêmes et préparation minutieuse
Les véhicules engagés dans ces épreuves sont loin d’être des voitures ordinaires. « Ils sont spécialement équipés », précise Abdelilah al-Rabea, alors que des bolides s’élancent sur une dune haute d’une centaine de mètres. Plus de cent 4×4 et pick-ups modifiés sont alignés, tandis qu’un public majoritairement masculin sirote thé et café, assis sur des tapis étendus au pied des dunes.
L’ambiance électrique, entre vrombissements de moteurs et nuages de sable ocres, enthousiasme les spectateurs qui acclament les pilotes à chaque accélération soudaine.
Au-delà de la conduite, la mécanique fascine. « On attend cet événement toute l’année en préparant le moteur, la voiture, chaque détail », confie M. Rabea. Les pilotes peaufinent les réglages avec concentration pour dompter la gravité et franchir les montées vertigineuses.
Une passion qui s’inscrit dans la culture locale
Pour de nombreux pilotes, cette passion naît dès l’adolescence. Badr al-Ghamas, originaire d’al-Qassim, témoigne : « J’ai commencé vers 15 ou 16 ans. Pour certains, le sport est le football ou la natation ; pour nous, c’est le franchissement de dunes. »
Le dérapage contrôlé n’est cependant pas exempt de dangers. Ahmed al-Roumi, pilote expérimenté, évoque un accident dû à un manque d’équipements de protection, heureusement sans gravité.
Cette activité sportive s’inscrit dans une quête plus large de performance et de puissance automobile en Arabie saoudite. Selon le chercheur Pascal Ménoret, auteur de Joyriding in Riyadh, cette pratique incarne une affirmation de valeurs perçues comme masculines, mêlant vitesse et maîtrise du désert.
Entre respect du désert et passion familiale
Malgré une certaine dégradation environnementale, liée aux traces d’huile et de gaz laissées dans le sable, les passionnés ne voient pas de contradiction. Abdallah al-Amar, spectateur et père de famille, explique : « J’ai grandi dans une ferme et j’ai toujours aimé les dunes. Maintenant, j’amène mon fils, il partage la même passion. »
Alors que le soleil commence à décliner, les tapis sont rangés, mais la passion pour le dérapage contrôlé dans les dunes d’Arabie saoudite continue de brûler avec intensité au sein des familles et des communautés locales.












