La NBA envisage une ligue professionnelle en Europe

Un saut stratégique vers l’Europe

Depuis plusieurs années, la NBA organise des matches en Europe, mais le patron de la ligue, Adam Silver, estime qu’il est temps de passer à l’étape supérieure. Après avoir développé la WNBA, la G-League et la Basketball Africa League, la NBA est prête à investir dans un nouveau marché prometteur. Soutenue par des droits télévisés record, estimés à environ 73 milliards d’euros pour la période 2025-2036, la ligue américaine cherche à consolider sa position sur le continent européen.

Ce projet pourrait aussi être une réponse anticipée à une éventuelle « Formule 1 du basket », un circuit mondial de basketball envisagé par des investisseurs influents, notamment conseillés par Maverick Carter, ancien manager de LeBron James. Le projet pourrait marquer le début d’une nouvelle ère où des franchises implantées dans des métropoles mondiales prendraient la place de celles situées dans des villes moyennes américaines.

Un marché européen à conquérir

L’Europe, dont les joueurs brillent régulièrement en NBA, représente un terrain de croissance majeur. L’Euroligue, principale compétition européenne, attire de plus en plus de spectateurs avec une moyenne de 10 383 personnes par match en 2023-2024. Toutefois, malgré cette popularité, la plupart des clubs restent en difficulté financière, comme le souligne Philippe Ausseur, président de la Ligue nationale de basket (LNB).

La NBA voit un potentiel économique bien plus vaste, estimant pouvoir générer à terme près de 3 milliards d’euros par an, en intégrant également le Moyen-Orient comme zone de croissance complémentaire. Comment attirer les investisseurs alors que les meilleurs joueurs évoluent traditionnellement aux États-Unis ? La réponse réside dans la puissance marketing hors pair de la NBA et sa capacité à nouer des partenariats majeurs, un domaine où l’Euroligue peine encore à s’imposer.

Le modèle des droits télévisés représente l’un des plus grands défis. Contrairement aux États-Unis où la télévision couvre un seul marché national, en Europe, la diversité des pays complique la négociation avec les diffuseurs, qui sont au nombre de sept à dix selon les régions.

Une stratégie avec les grandes marques sportives européennes ?

Un autre aspect du projet concerne l’association avec les grandes marques sportives européennes. Si des clubs comme le Real Madrid ou Fenerbahçe sont des poids lourds du basket, d’autres clubs omnisports européens pourraient devoir repartir de zéro. Ainsi, des clubs de football tels que Manchester City, Arsenal et le Paris Saint-Germain auraient été approchés, ce dernier ayant confirmé un intérêt pour cette opportunité.

Or, le Paris Basketball, club évoluant actuellement en Euroligue, est en pleine progression, ce qui soulève des questions quant à la pertinence de l’implication des grandes entités footballistiques dans ce projet basket. Selon Philippe Ausseur, le basket n’a pas encore percé en Angleterre, malgré des tentatives ambitieuses comme celle des London Lions, dont le projet a finalement échoué face aux difficultés financières du championnat anglais.

L’avenir incertain de l’Euroligue

Face à ce projet porté par la NBA en collaboration avec la FIBA, l’avenir de l’Euroligue, compétition privée fondée en 2000 par les grands clubs européens, est en suspens. Originellement créée après une rupture avec la fédération internationale pour des motifs financiers, l’Euroligue pourrait voir certains de ses clubs pivoter, tout comme elle l’avait fait il y a plus de 25 ans.

Les 13 clubs actionnaires ont récemment renouvelé un partenariat avec l’agence IMG jusqu’en 2036, mais tous ne se sont pas encore engagés pour la prochaine saison, avec une échéance fixée à juin 2026. Plusieurs réunions ont eu lieu entre la NBA, la FIBA et l’Euroligue, signe que des négociations sont en cours pour éviter une concurrence qui pourrait fragiliser le basket européen.

Philippe Ausseur reste prudent, estimant qu’une nouvelle compétition européenne fragmenterait encore plus un paysage déjà saturé par cinq compétitions différentes, ce qui serait préjudiciable pour tous les acteurs concernés.