Le projet de construction d’un centre communautaire sur le stationnement de l’aréna Howie-Morenz, situé dans le quartier Parc-Extension, suscite une inquiétude grandissante quant à l’impact sur la pratique sportive des jeunes. La suppression de places de stationnement pourrait compliquer l’accès au hockey pour les familles du secteur, un sport déjà accessible grâce à cet aréna.
Un projet de 36 millions d’euros et ses répercussions sur le hockey mineur
Le centre communautaire, dont la construction doit débuter d’ici 2026, est estimé à 36 millions d’euros. Installé à proximité immédiate de l’aréna, il amènerait la disparition progressive du stationnement actuellement utilisé par les parents et les joueurs. Sylvain O’Reilly, président de l’Association de hockey mineur de Villeray, redoute un impact négatif à moyen et long terme :
« S’ils enlèvent tout le stationnement d’un coup, ça aura un impact négatif à moyen, long terme sur les inscriptions. Au bout de deux, trois ou quatre ans, il y a des parents qui vont trouver ça trop compliqué, puis ils vont désinscrire leurs jeunes. »
L’aréna Howie-Morenz constitue un lieu clé pour la pratique du hockey chez les jeunes, avec une équipe locale, les Tornades de Villeray, qui attire des enfants des quartiers environnants grâce à des tarifs abordables. La proximité de cette infrastructure facilite notamment l’accès au sport.
« Une des clés de l’accessibilité, c’est la proximité. Si nous, on disparaît, il y a plein de jeunes qui vont se retrouver sans infrastructure sportive », souligne M. O’Reilly.
Une pétition et des préoccupations qui rassemblent
Face à ce projet, une pétition en ligne a recueilli environ 600 signatures. Les signataires demandent notamment un moratoire sur la construction du centre communautaire, tout en réclamant l’inclusion des associations locales de hockey dans les discussions afin de trouver des solutions moins préjudiciables au sport.
Maxime Gagnon, responsable de Parahockey Montréal, organisation dédiée au sport pour les personnes handicapées, partage ces inquiétudes :
« Enlever du stationnement, ça serait majeur pour nous. Présentement, on doit souvent se stationner au Walmart à côté pour avoir des places. Si on perd le stationnement, il faudra aller ailleurs. »
Comme Sylvain O’Reilly, il envisage prochainement une rencontre avec la Ville pour évoquer ces problématiques et espère une issue favorable.
La Ville assure cependant que le débarcadère devant l’aréna sera maintenu, afin de permettre aux parents de déposer leurs enfants à l’entrée en toute sécurité.
Un tissu communautaire menacé
Laurence Lavigne Lalonde, mairesse de l’arrondissement Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, reconnait l’importance du projet et la nécessité de répondre aux besoins de la communauté. Malgré une ouverture pour revoir certains paramètres, elle affirme :
« Le centre communautaire verra le jour, coûte que coûte. Les besoins sont trop grands. »
En effet, quinze organismes du quartier ont récemment dû quitter leurs locaux situés au sous-sol du complexe William-Hingston, propriété du centre de services scolaire de Montréal. Depuis plusieurs années, le CSSDM procède à l’expulsion de plusieurs groupes communautaires, souhaitant ne plus gérer d’immeubles non utilisés pour les écoles.
Plus de 14 000 personnes fréquentaient régulièrement ces installations pour des activités de francisation ou des loisirs. Selon la mairesse :
« Ça vient morceler et mettre en péril l’offre et le tissu communautaire, alors qu’on se trouve dans l’un des quartiers les plus pauvres du Canada. »
Face à cet enjeu crucial, l’arrondissement n’a pas d’autre choix que d’agir.
Des discussions toujours ouvertes sur le stationnement et le projet
Malgré les inquiétudes, des possibilités d’ajustements subsistent, la mairesse précisant que les plans du centre ne sont pas encore finalisés. Des échanges peuvent donc avoir lieu quant à la volumétrie et aux espaces libérés au sol.
Par exemple, des espaces au nord du futur bâtiment pourraient être aménagés pour conserver certaines places de stationnement et le débarcadère devant l’aréna sera maintenu, permettant aux familles de déposer leurs enfants avant de se garer dans les rues du quartier, une pratique déjà courante.
« Je ne crois pas qu’on met en péril l’aréna. Il va continuer à être fréquenté. Je n’ai aucun doute, » affirme Laurence Lavigne Lalonde.
Pour sa part, Sylvain O’Reilly déclare que, même si le projet semble inévitable, il reste ouvert à la recherche de compromis :
« On sent que ça va se produire, peu importe ce qui arrive, mais on sent aussi qu’ils veulent trouver des façons que ça soit moins pire pour nous. Rien n’est encore réglé, donc on peut trouver des compromis. »











