Dans le tumulte des critiques autour du management anglais, la pièce Dear England offre un regard neuf et touchant sur Gareth Southgate, un homme et entraîneur qui a redéfini l’identité nationale du football anglais. Interprété brillamment par Gwilym Lee, Southgate incarne la persévérance discrète et la quête d’un collectif uni, loin des projecteurs clinquants et des résultats immédiats.
Une fresque humaine et sportive
La pièce de James Graham retrace avec humour et émotion les huit années à la tête de la sélection anglaise par Southgate. Elle s’attache particulièrement à l’évolution du groupe et à la manière dont l’entraîneur a su fédérer un vestiaire divisé, tout en travaillant sur la construction d’une identité anglaise forte. À travers les yeux des joueurs clés comme Harry Kane, Jordan Pickford ou Jordan Henderson, le spectateur suit ce long cheminement vers la reconnaissance et la réussite.
Un moment fort du spectacle est la scène finale où le public, aux côtés de Southgate et de son équipe, entonne Sweet Caroline debout, symbolisant l’unité retrouvée et la passion partagée par les supporters et joueurs. Un moment qui illustre bien le succès méconnu mais profond de ce management.
Gareth Southgate, l’homme derrière l’équipe
Gwilym Lee capture à merveille le personnage avec ses petites expressions faciales et son humour discret. Southgate, originaire de Crawley, avoue en plaisantant : « Je sais que ça me fait passer pour un agent de voyage ». Cette simplicité et cette humilité sont au cœur de sa méthode pour gagner la confiance de ses joueurs.
La pièce interroge également la définition même de l’Angleterre, invitant les joueurs et le public à réfléchir sur ce qui forge réellement une identité collective. Ce questionnement philosophiquement porté par Southgate sur scène contraste avec les critiques plus sèches du coach allemand Thomas Tuchel, qui, dans la réalité, reprochait au manager anglais un manque d’« identité ». Sur scène, toutefois, Tuchel reconnaît que Southgate a rendu ce travail complexe réalisable.
Le parcours à travers les grandes compétitions
L’histoire débute lors de la Coupe du Monde 2018, détaillant la progression du groupe, depuis la victoire historique en séance de tirs au but jusqu’aux épreuves du championnat d’Europe 2020 marqué par le racisme subi après la finale perdue. Le récit intègre également la Coupe du Monde 2022 et la montée de Jude Bellingham, révélant les défis et l’espoir entretenus jusqu’au Championnat d’Europe 2024.
Harry Kane, incarné par Ryan Whittle, apporte une touche d’humour et de sérieux, décrivant son rôle de capitaine comme « être la Reine » avec un ton deadpan, illustrant sa montée en puissance et son leadership à travers les épreuves.
Un héritage durable
James Graham, l’auteur, souligne dans ses propos que même si Southgate n’a pas remporté de trophée majeur, il a profondément transformé le football anglais, créant une base solide pour l’avenir. « Nous sommes désormais sur la voie de la victoire », affirme-t-il, démontrant combien la progression « tranquille » a permis à tous les supporters de retrouver une fierté renouvelée envers leur équipe.
L’arrivée de Thomas Tuchel, bien que saluant publiquement le travail de Southgate, illustre également la difficulté du défi à venir : poursuivre, voire dépasser, cet héritage. Le chemin vers le succès international est encore semé d’embûches, mais Dear England célèbre déjà les progrès accomplis avec tendresse et réalisme.









