Michel Platini et Sepp Blatter acquittés par la justice suisse

Un acquittement confirmé en appel

L’ancien président de l’UEFA Michel Platini et son homologue suisse de la FIFA Sepp Blatter étaient jugés pour avoir obtenu illégalement un paiement de 1,8 million d’euros au détriment de la FIFA. Cette somme, versée à Platini, avait fait l’objet de vives controverses depuis 2015, année où l’affaire avait éclaté, stoppant net les ambitions de l’ex-international français de prendre la tête de la FIFA.

Ce mardi, la Cour d’appel a donc suivi la décision initiale rendue en 2022, rejetant toutes les accusations portées contre eux, notamment celle d’escroquerie pour laquelle ils risquaient jusqu’à cinq ans de prison. Les chefs subsidiiaires de gestion déloyale, d’abus de confiance et de faux dans les titres ont également été écartés.

Les deux anciens dirigeants, âgés respectivement de 69 et 89 ans, sont restés silencieux lors de la lecture du verdict, qui constitue un revers évident pour le ministère public, lequel avait requis vingt mois de prison avec sursis début mars.

Les conséquences personnelles et professionnelles de l’enquête

Me Dominic Nellen, avocat de Michel Platini, a réagi en soulignant que « cette procédure pénale a définitivement échoué » et que son client devait enfin « être laissé en paix sur le plan pénal ». Il a rappelé les lourdes répercussions de cette affaire, tant sur le plan judiciaire que sur la vie personnelle et professionnelle du triple Ballon d’Or, mettant en avant l’absence de preuves concrètes depuis le début du dossier.

Cette procédure avait notamment empêché Platini de se présenter à la présidence de la FIFA en 2016, laissant la voie libre à Gianni Infantino, alors bras droit de Platini à l’UEFA, pour remporter une victoire inattendue.

Les faits reprochés et la défense de Platini et Blatter

L’instruction reprenait l’accusation selon laquelle les deux protagonistes auraient perçu un paiement de près de 2 millions de francs suisses (1,8 million d’euros) en faveur de Michel Platini, somme qualifiée par le parquet de « fausse facture ». Cette rémunération était censée compenser des conseils fournis par Platini à Blatter entre 1998 et 2002, lors du premier mandat de ce dernier à la tête de la FIFA.

Les deux hommes avaient signé en 1999 un contrat fixant une rémunération annuelle de 300 000 francs suisses, entièrement versée par la FIFA. Toutefois, Platini, devenu président de l’UEFA entre 2007 et 2015, avait réclamé en 2011 le paiement de cette créance, prétendant que le montant dû était bien supérieur, lié à un « accord de gentlemen » oral, jamais formalisé par écrit.

Sepp Blatter a témoigné que Platini « valait son million », confirmant cet accord verbal, tandis que Platini lui-même a évoqué une négociation informelle où la devise n’avait pas été précisée, plaisantant sur le fait d’avoir demandé « un million de ce que tu veux : des roubles, des pesetas, des lires », et que Blatter aurait répondu « un million de francs suisses ».

Arguments du ministère public et jugement de la Cour

Le procureur Thomas Hildbrand avait insisté sur la contradiction entre l’accord initial et cette créance ultérieure, soulignant que la FIFA disposait de trésoreries solides à l’époque des faits, avec plus de 21 millions de francs suisses disponibles et des réserves s’élevant à 328 millions en 2002. Il avait aussi dénoncé l’écart avec les pratiques habituelles de travail et financières de l’institution.

Cependant, la Cour d’appel a jugé que les témoignages de Platini et Blatter étaient globalement cohérents et a estimé plausible que la renommée et l’expertise de Platini justifiaient une telle rémunération.

Par ailleurs, la défense avait souligné l’absence de motivation claire pour Blatter, qui n’aurait tiré aucun bénéfice financier de cette affaire, allégation que le parquet n’a jamais pu démontrer. Seul reproche indirect évoqué par le procureur résidait dans le soutien apporté par Platini à la réélection de Blatter en 2011, laissant planer un soupçon de corruption.