Tout le monde veut avoir le ballon lorsque la Lettonie se déplace en Angleterre. Chacun cherche à prendre une touche de plus, à briller, sans réaliser que ralentir le jeu est exactement ce que souhaitent les Lettons, qui se replient en défense pour empêcher l’Angleterre de trouver la faille.
Un défi tactique familier pour l’Angleterre
Ce problème est récurrent pour l’équipe anglaise. Thomas Tuchel a insisté sur l’importance de jouer avec intensité, en s’appuyant sur l’agressivité propre à la Premier League, pour que son équipe impose sa domination. La victoire n’était pas mise en doute face à la Lettonie, mais la manière de la décrocher restait la vraie question. Après une première victoire solide mais sans éclat contre l’Albanie dans les qualifications pour la Coupe du Monde, Tuchel exige que le niveau de jeu monte.
Le technicien allemand n’hésite pas à rectifier le tir, comme lorsqu’il a remplacé Jude Bellingham par Phil Foden à la 67e minute, changement qui a aussitôt dynamisé l’attaque anglaise.
La montée en puissance après le changement
Au moment où Foden est entré en jeu, l’Angleterre a modifié sa structure offensive, plaçant le milieu offensif dans un rôle de numéro 10, avec Morgan Rogers en rôle de soutien mobile, permettant de libérer l’axe central. Rapidement, le rythme s’est accéléré, avec des courses plus déterminées, des angles de passes variés et précises.
La résistance lettonne a alors progressivement cédé. En moins de deux minutes, le score a évolué de 1-0 à 3-0 grâce à une combinaison efficace entre Marcus Rashford, Rogers, Declan Rice et Harry Kane, suivie du premier but international d’Eberechi Eze lors de son entrée en jeu.
Le cas Jude Bellingham : entre talent et impatience
Bellingham reste un sujet de débat. L’envie de bâtir l’équipe autour d’un sauveur individuel brouille parfois la réflexion collective. Gareth Southgate avait évoqué la coexistence complexe entre Foden et Bellingham l’été précédent, mais Tuchel est plus tranchant : pour lui, le collectif prime sur les individualités.
La décision de laisser Foden sur le banc après une prestation terne contre l’Albanie ne reflète pas un jugement de valeur mais une question d’efficacité tactique, notamment en l’absence de Bukayo Saka sur l’aile droite avec Jarrod Bowen.
Le besoin d’une organisation offensive adaptée
Tuchel mise sur un schéma direct avec deux ailiers rapides pour soutenir Kane, qui performe mieux dans ces conditions. Bowen, malgré sa volonté, n’a pas su saisir sa chance lors de son rare départ titulaire face à la Lettonie.
Le coach allemand a innové en abandonnant le 4-2-3-1 pour un 4-1-4-1 plus offensif, repositionnant Rogers à côté de Bellingham et laissant Rashford sur l’aile gauche, dans l’espoir d’apporter plus de fluidité.
Un jeu trop compliqué face à un bloc bas
La Lettonie a tenté d’insuffler du rythme en jouant court lors des relances, mais a failli ouvrir le score après une erreur entre Pickford et Guéhi. Reece James a eu du mal à contenir Janis Ikaunieks, la star du club de Riga, mais c’est lui qui a finalement ouvert le score d’un coup franc magnifique.
Cependant, l’Angleterre a souvent été trop technique et imprécise, avec Bellingham et Rogers se gênant mutuellement dans des espaces déjà occupés par Kane. Malgré l’apport de Myles Lewis-Skelly qui est venu renforcer le milieu, les ailes manquaient de soutiens en profondeur tandis que l’excès d’élans individuels compliquait le jeu.
Une recherche du chef d’orchestre au milieu
Bellingham, bien qu’étincelant par moments, a tendance à trop vouloir en faire, multipliant les dribbles inutiles qui font disparaître les espaces et accentuent sa frustration, parfois sanctionnée par des fautes et un carton jaune.
Cette difficulté n’est pas nouvelle, elle perdure depuis l’Euro 2024. Au-delà des critiques sur les ailiers, Tuchel met en lumière un vide dans le rôle de passeur-clé, celui du maître du tempo capable d’injecter du dynamisme par des passes tranchantes. Le rythme anglais reste trop lent, et Bellingham, même s’il est déterminant à l’instant, ne peut supporter seul cette responsabilité.
Le sélectionneur a évoqué l’émergence du jeune Adam Wharton en équipe espoir, un profil à considérer pour enfin trouver ce fameux chef d’orchestre indispensable à la fluidité offensive de cette équipe anglaise.









