Panama crée la surprise contre les États-Unis en Ligue des Nations

L’exploit inattendu de Waterman face aux États-Unis

Face à des joueurs de renom tels que Christian Pulisic (Milan) et Weston McKennie (Juventus) dans l’équipe américaine, Waterman, remplaçant de Coquimbo Unido en première division chilienne, a émergé comme le héros du match. Malgré une saison difficile sans but en cinq matchs, le natif de Panama possède 42 sélections et 12 buts en équipe nationale. Ce jeudi, il est passé de simple remplaçant à vedette incontestable, avec un but décisif et une célébration devenue virale.

Après le coup de sifflet final au SoFi Stadium, Waterman expliquait : « Je suis très heureux de cette victoire, content pour le groupe. Nous avons joué un très bon match, et j’ai pu marquer à la dernière minute pour nous aider à gagner. Ma célébration a été un moment magnifique car la veille, on m’avait demandé qui était mon idole, et j’ai dit Henry. Quand j’ai marqué, c’est la première personne que j’ai vue, alors je me suis précipité pour le serrer dans mes bras et lui dire qu’il était mon idole. »

Un parcours professionnel modeste mais une gloire nationale éclatante

Depuis quinze ans, Waterman évolue professionnellement entre Panama, Mexique, Uruguay, Chili et Pérou. Sa valeur la plus élevée, selon Transfermarkt, est de 800 000 euros. Dans un tournoi regroupant des joueurs de Serie A, Premier League, Bundesliga, et d’autres championnats prestigieux, c’est pourtant lui, avec une carrière modeste, qui s’impose comme la star.

Interrogé sur l’importance de son but dans sa carrière, le buteur panaméen confiait : « Oui, bien sûr. Marquer pour la sélection, c’est toujours exceptionnel. C’est aussi un but important pour Panama, notre premier en phase finale de la Ligue des Nations. Mais c’est un but d’équipe qui nous a permis d’atteindre la finale. Nous espérons faire le meilleur match dimanche. »

Une perpétuelle douleur pour la sélection américaine

La défaite face à Panama n’est pas une surprise amère isolée pour l’USMNT. En effet, Panama a déjà causé la chute des États-Unis dans plusieurs compétitions majeures, notamment lors de la Copa America 2024, des Gold Cups 2011 et 2015, ainsi que dans le tournoi 2023, en battant même une équipe américaine remaniée. Lors des éliminatoires de la Coupe du Monde 2018, Panama avait scellé le destin des États-Unis avec une victoire décisive face au Costa Rica.

Tensions politiques et impacts psychologiques avant le match

La confrontation sportive s’est aussi déroulée dans un contexte politique tendu entre les deux pays. Le président américain Donald Trump a évoqué à plusieurs reprises, y compris lors de son discours au Congrès le 5 mars, la volonté de reprendre le contrôle du canal de Panama pour renforcer la sécurité nationale. Ces déclarations ont été vivement contestées par le président panaméen José Raul Mulino, qui a démenti toute menace imminente pour le pays.

Face à la presse, Waterman a préféré éluder ces polémiques : « Le canal appartient à Panama, mais je ne m’occupe pas de ces questions. Moi, je joue au football et me concentre sur l’équipe nationale. » Son coéquipier Christian Martinez a, quant à lui, dédié cette victoire au peuple panaméen, affirmant que le succès était pour eux, même s’il ne s’agissait pas d’une motivation directe liée à la politique.

Le gardien Orlando Mosquera a insisté sur l’importance de ce triomphe pour apporter de la joie à ses compatriotes dans une période d’incertitudes : « Nous voulons offrir un moment de bonheur au peuple panaméen. C’est pourquoi nous travaillons dur, pour leur faire oublier les soucis le temps d’une célébration. »

L’encadrement et la stratégie salués

Thomas Christiansen, entraîneur danois de Panama et ancien joueur de Barcelone formé par Johan Cruyff, a félicité l’équipe pour son engagement et sa combativité. Nommé en 2020 à la tête de la sélection, il est désormais reconnu comme l’un des meilleurs techniciens de la région. Interrogé sur la célébration de Waterman avec Thierry Henry, il a témoigné son admiration pour la légende tout en soulignant la joie collective des joueurs à la fin du match.

À propos des incidences politiques de cette victoire, Christiansen préférait se concentrer sur l’aspect sportif : « Cette victoire renforce la confiance dans le groupe et démontre que le travail et l’engagement portent leurs fruits. Panama doit être fier de ce qu’il a accompli et nous allons savourer quelques heures avant de préparer la finale. »

Analyse de Mauricio Pochettino et la rigueur panaméenne

Le sélectionneur américain Mauricio Pochettino a critiqué l’intensité manquante chez ses joueurs, admettant que les Panaméens étaient plus affamés ce soir-là. La tactique de Christiansen, axée sur un bloc compact au milieu du terrain, a efficacement limité les possibilités offensives des États-Unis. Les joueurs panaméens ont eux-mêmes reconnu ce surcroît d’intensité comme clé du succès.

Adalberto « Coco » Carrasquilla, milieu et joueur concacaf de l’année 2023/2024, expliquait : « L’équipe américaine a gagné ce tournoi trois fois, mais nous n’étions jamais allés en finale. Nous devions donc être ceux qui avaient le plus faim de victoire. »

Un avenir prometteur pour Panama en finale

Le moment de gloire de Waterman restera dans les annales. Dans un tournoi souvent contesté par les fans internationaux, Panama a offert une image lumineuse qui pourrait être le tremplin vers une victoire historique. Dimanche, la finale contre le Mexique sera l’occasion pour Panama de marquer un grand pas vers la reconnaissance et un espoir concret de qualification pour la Coupe du Monde 2026.

Waterman confiait avec émotion : « C’est ce que le peuple panaméen voulait. On nous disait que nous ne pouvions pas marquer à ce stade et que nous n’étions jamais allés en finale. J’ai déjà parlé avec ma famille et mes amis, tout le monde est très heureux. On sait que dimanche, ça va être la folie au Panama. Les matches de notre sélection, ça se vit intensément. Je veux rendre mon pays fier. »