
Sasha DiGiulian : Une pionnière de l’escalade féminine
Sasha DiGiulian est une figure emblématique de l’escalade féminine qui a contribué à redéfinir les standards de ce sport. Avec ses nombreux accomplissements, elle est devenue une pionnière en luttant contre les stéréotypes et en brisant des barrières dans un domaine souvent dominé par les hommes.
Un rêve réalisé dans les Dolomites
En août 2013, Sasha DiGiulian se rendait dans les Dolomites afin de tenter l’ascension de Bellavista, un rêve qu’elle chérissait depuis des années. Après deux semaines de travail sur les sections les plus difficiles, elle est parvenue à grimper l’intégralité de la voie en une seule fois, devenant ainsi la première femme à gravir un mur de 5.14b, atteignant une étape majeure dans le sport.
Une aventure exigeante
À l’époque, DiGiulian était déjà une grimpeuse sportive redoutable sur des parcours à voie unique, mais elle n’était pas habituée à la complexité des grandes voies. Elle disait : « J’avais gravi du 5.14d, donc je pensais que les sections de 5.14b ne seraient pas si dures, mais j’ai appris à quel point la logistique, la météo et la fatigue jouent un rôle crucial. »
Les défis d’une pionnière
Bien que DiGiulian ait réussi à mener toutes les sections difficiles de Bellavista, elle a été confrontée à des critiques en ligne suggérant que son partenaire, Edu Marin, avait en réalité pris les rênes. « Chaque fois que je fais un projet avec un homme, les gens supposent que mon partenaire mène les sections difficiles, même en présence de preuves photographiques ou vidéo », explique-t-elle, admettant sa frustration.
Un parcours jalonné de succès
DiGiulian possède un palmarès impressionnant. Elle a remporté quatre titres panaméricains, trois titres nationaux et le titre de championne mondiale en 2011, avant de se tourner vers l’escalade sportive et les grandes voies. Elle a réalisé plus de 30 premières ascensions féminines et 12 premières ascensions, récemment en menant une équipe exclusivement féminine sur une paroi calcaire de 2 000 pieds en Espagne, une voie qualifiée de « la plus difficile jamais escaladée par une équipe entièrement féminine. »
Bouger une montagne
Ce succès n’a pas été sans conséquences. En 2018, DiGiulian a exprimé son expérience de harcèlement sur Instagram, dévoilant une réalité durement vécue qu’elle avait cachée au public. « Cela se construisait depuis longtemps, loin des regards. J’ai essayé de résoudre cela par d’autres moyens, mais rien n’a fonctionné. Je suis contente d’en avoir parlé. » Ce post a catalysé une conversation plus vaste sur le sexisme en escalade.
Les stéréotypes et leur impact
DiGiulian est consciente que le scepticisme envers elle découle souvent d’une image stéréotypée. « Je ne ressemble ni n’agis comme un grimpeur stéréotypé. Je ne suis pas une aventurière vivant dans la rue ; j’ai des ongles vernis », explique-t-elle. Issue d’une grande ville, elle se sent souvent comme une outsider dans ce milieu.
Une résilience impressionnante
Malgré des défis personnels, notamment une dyplasie de la hanche en 2020 qui a entraîné cinq interventions chirurgicales, DiGiulian a su se reconstruire. « J’étais à plat, littéralement et figurativement. J’ai dû trouver un nouveau but en dehors de l’escalade », confie-t-elle. Elle a profité de cette période pour écrire un livre et lancer sa propre entreprise, Send Bars, dédiée à la santé mentale et nutritionnelle des grimpeurs.
Un impact durable
Sasha DiGiulian aspire à ce que sa carrière contribue à établir de nouvelles normes pour les grimpeuses, tant en matière de reconnaissance que de traitement. Elle a ouvert la voie à de nombreuses grimpeuses qui la suivront, notamment en devenant la première grimpeuse nord-américaine sponsorisée par Adidas. « Je ne serai peut-être pas la grimpeuse la plus forte jamais existante, mais je suis fière que ma réussite ait aidé d’autres grimpeuses à avoir moins de friction dans leur parcours », conclut-elle.