Fifa et les droits humains : la candidature saoudienne sous pression
Un groupe de juristes renommés affirme que la FIFA a ignoré leur rapport concernant les préoccupations relatives aux droits humains liées à la Coupe du Monde 2034, mettant en garde que l’instance dirigeante « deal avec le diable » en projetant de confier le tournoi à l’Arabie Saoudite.
Une décision cruciale en décembre
Une décision sur la candidature saoudienne pour accueillir la Coupe du Monde sera rendue en décembre, bien qu’il semble que cela soit déjà acquis étant donné qu’il n’y a pas d’autres candidats en lice. Les avocats – Professeur Mark Pieth, Stefan Wehrenberg et Rodney Dixon KC – ont soumis un rapport à la FIFA en mai, soulignant les violations par l’État saoudien des politiques de droits humains de l’instance dirigeante du football mondial.
Des appels à la responsabilité de la FIFA
Dixon, représentant la veuve du dissident saoudien Jamal Khashoggi, Hatice Cengiz, a déclaré que la FIFA n’avait pas répondu au rapport. « Nous appelons la FIFA, avec son histoire fière de défendre les droits humains, à agir en ce sens maintenant et ce n’est tout simplement pas suffisant de ne pas répondre du tout à notre rapport », a-t-il affirmé. « Il doit y avoir une consultation. Les choses doivent changer si l’Arabie doit être considérée pour la Coupe du Monde. Nous ne pouvons pas avoir de recommandations vagues ou de scénarios idéologiques. »
Le risque d’une coopération avec l’Arabie Saoudite
Mark Pieth, ancien président de la commission de gouvernance indépendante de la FIFA, a averti que se rendre en Arabie Saoudite représente un « grand risque ». « J’ai l’impression que l’Arabie Saoudite est assez nerveuse [face à la critique publique] et qu’elle est dangereuse », a-t-il déclaré. « Les gens traitent vraiment avec le diable ici. Donc, il y a un grand risque. »
Un engagement déterminé mais progressif
Les auteurs du rapport ont abordé la question selon une approche « par étapes » et n’excluent pas d’engager des actions en justice si la FIFA ne répond pas. L’article 7 de la politique sur les droits humains de la FIFA stipule que « la FIFA s’engagera de manière constructive avec les autorités concernées et d’autres parties prenantes et fera tout son possible pour respecter ses responsabilités internationales en matière de droits humains ».
Des revendications pour les droits humains
Le rapport se concentre sur quatre points majeurs :
- L’Arabie Saoudite doit immédiatement libérer tous les prisonniers politiques et ceux détenus de manière arbitraire, en traitant tous les détenus conformément aux normes des droits humains.
- Le système judiciaire en Arabie Saoudite doit être indépendant, nommé par un organe qui n’est pas lié à l’exécutif, et doit pouvoir agir sans influence extérieure.
- La législation du travail doit être modifiée pour permettre aux travailleurs migrants de quitter leur emploi ou le pays sans demander l’autorisation du gouvernement.
- L’Arabie Saoudite doit améliorer les droits des femmes en criminalisant le viol conjugal, en garantissant une protection adéquate contre la violence domestique et en permettant aux femmes d’être les tuteurs légaux de leurs enfants si cela est dans l’intérêt de l’enfant.
La réponse de la FIFA
Un porte-parole de la FIFA a déclaré qu’elle mettait en place des « processus d’appel d’offres complets » pour les Coupes du Monde 2030 et 2034. « Tous les rapports pertinents, y compris les évaluations contextuelles des droits humains et les stratégies des droits humains de tous les candidats pour les éditions 2030 et 2034, sont disponibles sur notre site web. Les rapports d’évaluation des candidatures pour les Coupes du Monde FIFA 2030 et 2034 seront publiés avant le Congrès extraordinaire de la FIFA le 11 décembre 2024. »