L’avenir financier du football féminin : vers un grand business ?
Le paysage financier du football féminin évolue rapidement, attirant l’attention des investisseurs et des sponsors. Alors que les deux premiers niveaux du football féminin anglais bénéficient de nouvelles structures, le sport se trouve à un tournant crucial.
Quelle est la santé financière du football féminin ?
Les clubs de la Women’s Super League (WSL) ont généré 56 millions d’euros de revenus lors de la saison 2022-23, soit une augmentation de 50 % par rapport à la saison précédente. Cette semaine, un nouvel accord de 52 millions d’euros a été signé avec Barclays pour rester sponsor principal de la ligue. Cet accord est le double de l’engagement précédent et marque le premier pas de la nouvelle société, Women’s Professional Leagues Limited (WPLL), qui gère désormais la WSL et la Women’s Championship.
Cependant, ce secteur est encore en pleine croissance. Selon la spécialiste en finances du football féminin, Dr Christina Philippou, « les profits continuent de baisser dans l’ensemble des clubs, avec des dépenses croissantes, surtout en ce qui concerne les salaires des joueuses ». Cette situation représente un double enjeu, car même si les revenus augmentent, les coûts le font également, souvent à un rythme plus rapide.
Les différents types de propriété des clubs
Les clubs masculins à travers le monde commencent à réaliser le potentiel du football féminin, leurs équipes féminines prenant de l’ampleur. Sur les 23 clubs de la WSL et de la Women’s Championship, tous sauf deux sont affiliés à des équipes masculines. Des clubs comme Arsenal, Tottenham et Manchester United possèdent à la fois des équipes masculines et féminines.
Cependant, quelques clubs tentent de tracer leur propre chemin, notamment Durham WFC et London City Lionesses, qui sont indépendamment détenus. London City fait partie d’un modèle multi-clubs détenu par la femme d’affaires américaine Michele Kang, qui possède également le Washington Spirit et Lyon.
De plus, un groupe d’investissement nommé Mercury/13 s’est récemment formé, avec un objectif exclusif sur le football féminin, promettant d’investir plus de 92 millions d’euros dans des clubs européens.
Avantages et inconvénients des différents types de propriété
L’augmentation des revenus dans la WSL peut en grande partie être attribuée aux ressources que le football masculin alloue à ses clubs féminins, leur permettant de croître rapidement. Par exemple, l’équipe féminine d’Arsenal joue régulièrement à l’Emirates Stadium, bénéficiant de ressources marketing équivalentes à celles offertes à l’équipe masculine.
Cependant, cette dépendance peut poser problème. La faillite de Reading met en lumière les craintes que le football féminin soit trop tributaire du football masculin. Maggie Murphy, ancienne directrice générale de Lewes FC, a souligné que si l’équipe masculine choisit une voie différente ou fait face à une crise, l’équipe féminine en subira les conséquences.
Le football féminin peut-il devenir autonome ?
Il existe un optimisme, mais aussi une conscience des risques et des défis à venir. Selon Philippou, « il y a un grand potentiel » dans le sport. Investir dans le sport féminin offre souvent un meilleur rapport qualité-prix par rapport au sport masculin, mais cela nécessite une durabilité pour évoluer vers une ligue plus mature. Maggie Murphy note que le football féminin est souvent soumis à des normes plus élevées, alors qu’il a reçu relativement peu d’investissements au cours des dernières décennies.
Elle conclut en affirmant que le football féminin est là pour rester et que le moment est propice pour attirer des investisseurs, bien que le chemin reste semé d’embûches à parcourir pour solidifier cet écosystème encore fragile.