Mbappé et l’usure des jeunes footballeurs : un futur incertain

L’essentiel

Kylian Mbappé s’apprête à jouer son premier match de Ligue des champions sous les couleurs du Real Madrid, contre Stuttgart, ce mardi à 21 heures. L’UEFA introduit un format de compétition avec plus de rencontres, et cette évolution coïncide avec une saison qui se terminera par une Coupe du monde des clubs inédite. Compte tenu du manque d’explosivité actuel de Mbappé, la question demeure : ces jeunes stars pourront-elles tenir le rythme éprouvant des matchs de plus en plus fréquents ?

« Il y aura une usure prématurée »

Elie Baup, ancien entraîneur des Girondins de Bordeaux et de l’OM, dépeint une situation préoccupante : « Aujourd’hui, les jeunes joueurs commencent de plus en plus tôt, et ils n’auront peut-être pas la longévité de Cristiano Ronaldo ou de Lionel Messi car il y aura une usure prématurée. Le nombre de matchs en sélection et le nouveau format de la Ligue des champions avec 8 rencontres en phase de groupes, contre 6 auparavant, accentuent cette réalité. Faire dix saisons avec des matchs tous les trois jours, ça n’est pas possible. »

• A 17 ans et 2 mois, le récent vainqueur de l’Euro, Lamine Yamal, a déjà disputé 72 matchs professionnels.
• À 25 ans, Kylian Mbappé affiche déjà 460 matchs et 35.064 minutes de jeu.
• En comparaison, Karim Benzema avait 375 matchs et 23.587 minutes à son actif au même âge.

Un rythme de matchs « intolérable » ?

Le cas de Florian Wirtz est révélateur : il a totalisé 11.501 minutes de jeu avant ses 21 ans, bien plus que Michael Ballack à 4.175 minutes à son âge. L’épuisement mental associé à un tel rythme est inquiétant. Xavier Frezza, préparateur physique, explique : « Ce n’est pas l’âge mais le rythme des matchs qui devient intolérable. » Il cite des exemples de joueurs ayant prolongé leur carrière au-delà de 40 ans, comme Paolo Maldini et Francesco Totti, et soulève le mystère autour de la méforme actuelle de Kylian Mbappé, dont les qualités d’explosivité semblent déjà affectées à 25 ans.

Les larmes de Cherki à chaque fin de saison

Rayan Cherki, jeune prodige, a exprimé la pression intense qu’il ressent. À chaque fin de saison, il raconte pleurer dans les bras de sa mère, accablé par l’émotion et le stress acumulé. Les jeunes talents naviguent sur un fil, leur longévité dépend également de leurs choix de carrière. Kelly Youga, ancien joueur pro, regrette la décision de son neveu Willem Geubbels de quitter l’OL à 16 ans, alors qu’il avait déjà montré de belles promesses.

« Le football, c’est du marathon et pas du sprint »

La carrière de Willem Geubbels contraste fortement avec celle de Karim Benzema, qui a su gérer sa progression avec discipline. « Le football, c’est du marathon et pas du sprint », insiste Kelly Youga. Une impatience précoce peut mener à une carrière plus courte, confirmée par l’expérience d’Enzo Reale qui n’avait que peu de temps de repos à cause des rassemblements en équipes de jeunes.

« Un footballeur doit tout le temps être sous contrôle »

Avec des témoignages de joueurs comme Raphaël Varane et Kevin De Bruyne sur les difficultés d’aborder des calendriers surchargés, la pression mentale est un enjeu majeur du football moderne. Cindy Laplace, préparatrice mentale, souligne les dilemmes des professionnels qui doivent jongler avec leur vie privée et leurs responsabilités sur le terrain. Avec un rythme de compétition aussi soutenu, la longévité des stars de demain est remise en question.

« L’usure mentale entraîne l’usure physique »

À l’aube des années 2030-2040, il est légitime de se demander si le football va se retrouver sans trentenaires dominants. « C’est encore possible de commencer jeune et de tenir après 30 ans, mais cela dépendra de l’impact du calendrier », conclut Xavier Frezza. Enzo Reale partage un avis plus nuancé sur la résistance des jeunes athlètes d’aujourd’hui, convaincu que l’usure mentale précède souvent l’usure physique.